La cause principale d’accident mortel demeure la perte de contrôle à proximité du sol, en montée initiale, en évolutions en tour de piste ou en phase d’approche.
Dans son bilan de l’année passée, le National Transportation Safety Board, l’équivalent américain du BEA, fait état des points à faire évoluer en priorité pour améliorer la sécurité en aviation générale. Les accidents les plus coûteux en vies humaines demeurent de loin les pertes de contrôle. Entre 2008 et 2014, environ 47% des accidents mortels aux Etats-Unis dans le domaine des aéronefs à voilures fixes ont été liés à une perte de contrôle, entraînant 1.210 décès.
Le NTSB note que dans le cas des pilotes de l’aviation générale, les exigences de maintien des compétences sont moins élevées que celles des pilotes de ligne, avec souvent des vols espacés et de longues périodes entre des vols d’entraînement, à raison au minimum d’un seul vol avec instructeur tous les 24 mois.
Statistiquement, la phase d’approche, des évolutions près du sol (tour de piste) et la montée initiale sont les phases les plus critiques pour les pertes de contrôle. Lors d’un forum tenu par le NTSB en octobre dernier, les causes mises en avant sont « l’inattention du pilote sous la charge de travail, ou la distraction, ou un entraînement insuffisant, avec égalemnet un manque de compréhension de la notion d’angle d’incidence, en croyant que le décrochage est lié à la vitesse ».
Le NTSB souligne que près du sol, notamment lors d’un tour de piste, « il y a peu de hauteur et peu de temps disponibles pour récupérer un décrochage ». D’où la recommandation déjà faite aux pilotes outre-Atlantique par la FAA d’utiliser de « nouvelles technologies » comme un indicateur d’angle d’incidence (incidencemètre) et de développer une « conscience de la situation plus vigilante » pour réduire ces pertes de contrôle (LOC ou Loss of Control).
Le NTSB insiste sur la formation des pilotes et leur maintien de compétences, avec les notions d’angle d’attaque à bien appréhender mais aussi l’impact de la masse, du centrage, de la turbulence, des facteurs de charge en évolution et tout autre facteur pouvant entraîner un décrochage. Selon le NTSB, les pilotes devraient donc :
– être entraînés à reconnaître les signes précurseurs d’un décrochage et être capables de réagir de façon appropriée avant que le décrochage ne se développe,
– être honnêtes avec eux-mêmes au niveau de leurs connaissances théoriques et leur capacité à déceler et maîtriser en vol un décrochage,
– utiliser des techniques de prise de décision et des outils d’évaluation des risques durant la préparation d’un vol et son déroulement,
– gérer les éventuelles distractions pour qu’elles ne diminuent pas l’efficacité de leur conscience de la situation,
– comprendre, s’entraîner correctement et maintenir leurs compétences sur les appareils qu’ils utilisent,
– bénéficier régulièrement de séances d’entraînement ou de transition sur un nouvel appareil,
– prendre en compte le fait que les caractéristiques de décrochage peuvent varier selon la masse de l’appareil tout en se dégradant avec un centrage plutôt arrière.
On pourra relire avec intérêt le document de la DSAC sur les marges de sécurité en évolution, un document faisant partie de la campagne de sécurité en vol moteur l’an passé… ♦♦♦
Photos © NTSB