Une phase souvent inévitable dans un cursus de formation.
Un plateau de progression, c’est quand… la progression se met en palier et qu’il n’est alors plus question de progresser. Ce peut être le cas pour un élève-pilote dans certaines phases de vol. Exemple : l’arrondi. Les premières tentatives pour rejoindre la planète ne seront pas des plus réussies, puis la technique va s’améliorer au fil du temps, avec une meilleure visualisation par l’élève mais il arrive que les mêmes erreurs soient répétées d’un tour de piste à l’autre, d’une séance à la suivante avant qu’un jour, sans toujours bien comprendre pourquoi, les arrondis deviennent corrects.
Un tel plateau de progression peut ainsi se retrouver lors d’autres phases de vol, pendant les premières navigations en double. Il s’agit d’acquérir de nouvelles compétences et tout ne peut se faire en une seule séance. Il faudra de multiples essais et erreurs pour mettre au point la méthode à bord, gérer la machine et aussi la trajectoire. Et tandis que la progression en navigation se fait, des connaissances déjà acquises auparavant peuvent être oubliées. A l’arrivée d’une navigation en double, l’élève peut « décompresser » à la vue du terrain de destination et le tour de piste est alors mal géré, préparation machine improvisée, paramètres non tenus en final alors qu’il a déjà été lâché auparavant avec des tours de piste parfaits…
Dans tous ces cas, instructeur et élève se retrouvent ainsi face à un « plateau de progression ». C’est souvent un passage obligé, plus ou moins long ou répété, durant le cursus de formation d’un pilote. C’est déstabilisant pour l’élève qui prend conscience qu’au mieux il ne progresse pas, au pire qu’il régresse même dans des domaines pourtant mieux maîtrisés lors de la ou des séances précédentes, quelques jours auparavant.
Cela reste un phénomème humain car la formation ne suit pas une trajectoire linéaire. Il y a des hauts et des bas… Différentes « briques » sont mises en place dans plusieurs domaines et quand on attaque un nouveau mur, les précédentes « briques » sont parfois oubliées. Il est vrai que les savoirs sont encore frais, pas encore acquis définitivement et un effort demeure encore nécessaire, avec la consommation de ressources cognitives qui font parfois défaut quand il faut acquérir de nouvelles connaissances sans oublier les précédentes (saturation !).
En formation initiale, il est souvent recommandé de voler régulièrement afin de garder et consolider des compétences récemment acquises, qu’il faut pratiquer souvent pour les conserver. Ainsi, autre exemple, si les encadrements sont maîtrisés, il ne faut pas hésiter à en réaliser régulièrement lors des séances en double qui suivent car après une période plus ou moins longue de non pratique, la réalisation sera sans doute moins bien réussie, des « réflexes » auront été perdus.
Dans certains cas, relativement rares, l’élève a atteint le summum de sa capacité et le plateau risque de durer. Dans la plupart des cas, il va falloir être patient et gérer ce plateau avant de reprendre une progression… parfois jusqu’au plateau suivant ! Même si cela peut logiquement entraîner découragement et/ou frustration de l’élève, l’instructeur est là pour confirmer qu’un tel plateau demeure classique, pour tout élève même si l’âge est un facteur. C’est donc quasi-normal d’y être confronté un jour ou l’autre durant une formation, initiale vers le brevet, mais aussi par la suite lors d’une nouvelle qualification ou en abordant une nouvelle discipline aéronautique.
Pour gérer un tel plateau de progression, plusieurs solutions peuvent être retenues par l’instructeur et l’élève :
– changez d’exercice : les arrondis n’arrivent pas à « se mettre en place » ? Evitez de multiplier les séances de tours de piste à répétition, sans réelle progression. Passez à une autre phase, d’autres exercices (vol lent, navigation, encadrement…) peuvent être abordés, avant de revenir par la suite sur celle qui entraîne un plateau.
– faites appel à un autre instructeur : un nouveau regard, une autre façon d’aborder un exercice donné peuvent entraîner une évolution du comportement de l’élève, « bloqué » sur un exercice ou une phase de vol.
– marquez une pause : décrochez… un temps en ne volant pas les jours suivants, voire une ou deux semaines, pour réfléchir à la phase de vol qui pose problème, revoir la théorie, observer du sol ou en place arrière d’autres élèves lors de cette même phase.
– dressez un bilan de votre formation : vous trouverez certainement dans un passé récent d’autres plateaux de progression, déjà rencontrés et désormais oubliés. Vous noterez ainsi qu’avec temps et volonté, on peut venir à bout d’un tel « passage difficile » durant sa formation. Vous aviez du mal à rouler droit avec la roue avant folle et l’usage des freins différentiels… Vous ne saviez pas garder une assiette stable en montée initiale…
Mais n’abandonnez pas ! Vous risqueriez de le regretter par la suite… ♦♦♦