Retour sur le programme de reconstruction de deux chasseurs Dewoitine de 1940, dont le type n’a jamais volé à l’époque, suite à l’Armistice…
Fin d’année aidant, l’association Réplic’Air, en charge de la reconstruction de deux Dewoitine D-551, a fait le point sur ce programme. Après modélisation numérique de l’ensemble des pièces du chasseur destiné à remplacer le D-520, les premières découpes ont été réalisées en octobre dernier avec l’assistance de la société Laser Métal. Ainsi, plus de 100 pièces ont été découpées par technologie laser avant d’arriver à l’atelier.
Là, elles vont être embouties ou pliées. Il s’agit principalement d’éléments constituant l’empennage horizontal du chasseur, ainsi que les ailerons et volets de courbure. Ces différentes parties seront assemblées sur des gabarits spécifiques. La maquette d’aménagement en bois, déjà évoquée sur ce site, ne concernait jusqu’à présent que le fuselage. Une voilure va lui être adjointe pour « tester et valider les systèmes hydraulique, électrique et l’ergonomie du poste de pilotage ». Par ailleurs, une maquette de soufflerie à l’échelle 1/5e est à l’étude pour une campagne prévue courant 2016.
Alors qu’un premier moteur avait déjà été acquis, l’association toulousaine compte désormais un deuxième GMP. Il a déjà rejoint Melun, comme le premier, pour être remis en état de vol par une vingtaine de membres de Replic’Air travaillant chez Safran, le tout avec l’assistance du musée Safran et des membres de l’Association des Anciens du Musée Safran (AAMS). Après plusieurs centaines d’heures de travail, ces deux moteurs reviendront à Toulouse en 2017.
Il s’agit de Sauer HS-51, version suisse de l’Hispano-Suiza 12Y, moteur d’avions français
de l’avant-guerre. Ce GMP de 36 litres de cylindrée pour 515 kg à sec était l’un des premiers moteurs français de la classe des 1.000 ch, utilisés sur les chasseurs de l’armée de l’Air, du Morane-Saulnier MS-406 au Dewoitine D-520. L’ultime version (12Y-51) développait 1.100ch au décollage et 1.000 ch à 3.250 m (9.750 pieds). Sa production débutait au moment de l’Armistice en 1940.
Entre 1940 et 1944, 454 moteurs HS-51 seront produits sous licence par la société Sauer. Ils équiperont des avions d’armées suisses, le Morane D3801 (version helvétique du MS-406) et l’EKW C3603, un avion d’entraînement, de reconnaissance et d’attaque au sol, remotorisé après-guerre avec une turbine pour en faire un remorqueur de cibles jusqu’à la fin des années 70.
Par ailleurs, parmi les partenaires de cette aventure, on trouve désormais Airbus Bizlab, un « accélérateur de projets visant à offrir aux start-ups et aux entrepreneurs internes un accès au marché rapide pour leurs initiatives innovantes ». Ce partenariat devrait ainsi permettre de « décupler les essais de technologies nouvelles, notamment sur la partie instrumentation d’essais et procédés tout numériques».
Au niveau du planning, 2016 verra une campagne d’essais en soufflerie, la remise en état des moteurs, la validation des différents systèmes de bord et l’assemblage d’une cellule. La mise en croix et le roll-out sont planifiés pour 2017 avec les premiers vols entre fin 2017 et début 2018. ♦♦♦
Illustration © Replic’Air