La vie d’Adrienne Bolland, une femme engagée…
Adrienne Bolland est rentrée dans les ouvrages d’histoire de l’aviation en traversant la Cordillère des Andes par la voie des airs, en avril 1921. Même si huit autres pilotes l’ont devançée sur des trajets similaires, cela reste un exploit. Surtout si l’on prend en compte que la jeune pilote de 25 ans ne totalise alors qu’une quarantaine d’heures de vol et que son exploit a été réalisé sur un modeste Caudron G-III motorisé par seulement 80 chevaux…
Mais la vie de cette pionnière ne doit pas se résumer à ce vol de 3h30 entre Argentine et Chili. Tout a commencé après avoir perdu son argent dans des courses hippiques. Elle décide sur un coup de tête d’apprendre à piloter et se retrouve ainsi à l’école des frères Caudron, au Crotoy. Brevetée, réalisant déjà des boucles, elle obtient de René Caudron la possibilité de participer à des meetings puis à une mission commerciale en Amérique du Sud. C’est là que l’idée de traverser la Cordillère, une première pour une femme pilote, va naître avec une préparation un peu improvisée, sans carte, sans effets pour supporter le froid des hautes altitudes…
Avec volonté et courage, elle traverse la haute chaîne montagneuse et connaît un grand succès en Amérique du Sud, même si le représentant français ne s’est pas déplacé pour l’accueillir après son atterrissage, croyant à un canulard en ce 1er avril 1921. Son exploit sera peu diffusé en Europe, pas plus que ses 18 jours passés par la suite dans des conditions très difficiles avec son mécanicien. Ceci après une panne moteur en mer sur un G-III à flotteurs, nécessitant des réparations effectuées une fois l’appareil échoué sur une plage dans des conditions très précaires.
Au retour en France, on l’a déjà oubliée… et elle gagne mal sa vie en faisant partie d’une troupe de saltimbanques qui, de terrain en terrain, organisent chaque week-end un meeting aérien pour faire découvrir l’aviation à la population, avec des hauts et des bas financiers selon les conditions météorologiques. Son franc parler, son impertinence face aux « huiles » et ses réparties fulgurantes vont lui octroyer une réputation tenace, celle d’irrespect… De multiples anecdotes sont là pour en témoigner, avec une pilote aux prises – déjà ! – avec la bureaucratie ou la réglementation tatillonne.
C’est ce sacré personnage, disparu en 1975, que Martine Laporte a décidé d’évoquer dans un ouvrage illustré de photos d’époque, de crayonnés au graphite signés Bernard Lengert, de cartes et de photos récentes de la Cordillère des Andes. Elle a choisi de narrer cette vie bien remplie à la première personne, faisant de cet ouvrage une fausse auto-biographie de la « déesse des Andes », surnom qu’on lui donna outre-Atlantique après son exploit de 1921, à partir de multiples documents bien réels. ♦♦♦
« Adrienne Bolland. La déesse des Andes » par Martine Laporte. Ed. Villalobos. 170 p. 28 €
Mab3501 dit
A écouter ou réécouter l’émission de France Inter consacrée à Adrienne Bolland :
http://www.franceinter.fr/emission-autant-en-emporte-l-histoire-adrienne-bolland-la-rebelle-des-andes