Un pionnier de cette discipline mélant pilotage, photographie et archéologie.
Après Roger Agache et Daniel Jalmain, deux pionniers qui nous ont quittés ces dernières années, c’est au tour de René Goguey de disparaître à l’âge de 94 ans. Originaire de la Côte d’Or, il a fait partie des pionniers de l’archéologie aérienne en France à partir de la fin des années 1950, démontrant par des milliers de photos l’apport essentiel de cette discipline boudée par les archéologues au départ…
A bord de DR-400 empruntés à des aéro-clubs puis aux commandes d’un R-3000 acquis spécifiquement pour cet usage par le Conseil général de Bourgogne, René Goguey a sillonné les cieux de la France mais aussi de la Hongrie ou de la Tchécoslovaquie pour repérer du ciel les traces oubliées du passage de l’homme à différentes époques, du néolithique au moyen-âge. Pour la Bourgogne, on lui doit entre autres la découverte d’un second théâtre gallo-romain à proximité du temple d’Autun (photo ci-dessus traitée en infra-rouge, technique à la mode dans les années 1970), l’Augustodunum bâtie après la conquête de la Gaule par César.
Mais son apport majeur restera la mise en valeur du dispositif d’encerclement d’Alesia par Jules César, à Alise-Sainte-Reine, avec des photos montrant l’emplancement des camps romains et des fortifications entourant l’oppidum gaulois où se sont enfermés Vercingétorix et ses troupes en 52 av. JC. Ses photos ont ajouté ainsi un élément supplémentaire indéniable au déjà important faisceau de preuves pour localiser le site de la bataille.
René Goguey avait fait récemment don de 71.000 clichés au département de la Côte d’or. Une exposition lui est consacrée jusqu’en octobre prochain aux Archives départementales de Dijon, avec 70 clichés aériens montrant les différentes facettes de son travail. ♦♦♦
Photos © René Goguey. En ouverture, le site d’Alesia vue du sud avec les différentes hauteurs aux alentours où avaient pris place les Romains et l’armée de secours des Gaulois.