Quelques précisions communiquées par Daniel Costes.
Suite à l’article publié sur l’entrée du MicroStar au musée Aéroscopia, prêté par les Ailes Anciennes Toulouse, nous avons reçu un mail de la part de Daniel Costes, fils du pilote d’essais Jacques Costes, aujourd’hui décédé. Le voici en intégralité…
« Concernant le Microstar, Jet Viggen, merci pour l’article, très juste quant à la chronologie, et aux intervenants, Léo Chagnés en premier… Un peu ému aussi par l’évocation du paternel que Léo a sollicité comme « safety » en place arrière pour le premier vol, et pour les suivants, pour l’ouverture du domaine, les mesures de perfos et de consommations ».
« La présentation au Rassemblement national 1980 du RSA, à Brienne, fut l’occasion de vérifier les distances franchissables au départ de Toulouse : une escale à Vichy aura suffi. J’ai eu l’occasion de faire deux vols en place arrière : l’Ancien se régalait devant, comme quand il réceptionnait les Fouga en sortie de chaine à Blagnac, vingt ans plutôt ! ».
« Début 2008, je tombe sur un article (illustré…) d’Aviasport, signé Bernard Bacquié. L’avion vole toujours. Je lui transmets alors mon témoignage (ci-dessous), du vécu pur et simple, ayant suivi la génèse de la machine : les dimanches soir, dans les années 76-77, en quittant l’aéro-club à Lasbordes, on s’arrêtait chez Chagnès pour voir la progression du chantier »…
« Le fait que l’avion soit aujourd’hui exposé à quelques mètres du Super Guppy est un clin d’œil à la mémoire de deux pilotes qui ont volé sur les deux avions (cf. les images jointes), et j’ai eu le plaisir d’être avec eux en équipage sur ces vols. Je joins également la photo de l’avion, dédicacée par Burt Rutan ».
« Bons vols à tous, quels que soient la masse, l’altitude et le Mach ! ».
Daniel Costes
Cher Monsieur Bacquié,
J’ai eu une petite émotion l’autre jour, en ouvrant Aviasport de ce mois-ci (février 2008), et en lisant votre article sur le MicroStar, surtout en voyant la photo page 46 de l’avion au break, puisque, cette photo, c’est moi qui l’ai faite… Elle me rappelle quelques bons moments d’aviation, bien qu’ayant été, concernant le MicroStar, un simple spectateur : ce jour-là, le 22 novembre 1983, j’étais en place droite du MS-893 du CEV, entre Lasbordes et Blagnac, armé de mon fidèle Canon 24×36 reflex argentique, modèle FTb…
Dans le MicroStar, se trouvaient, en place avant, Jacques Costes, mon père, et en place arrière, mon ami Georges Raveneau, CdB UTA, disparu en septembre 1989 dans l’attentat de DC-10. Nous étions à Toulouse, Georges et moi, pour le training de notre qualif sur ce merveilleux avion. On ne disait pas encore « VHL », comme vous savez.
Papa rendait la politesse à Georges qui m’avait permis de l’emmener, quelques mois auparavant, faire une rotation en Super Guppy, avion sur lequel nous fûmes détachés tous deux, durant les deux années précédentes. Un ILS aux minima à Finkenwerder, en place droite [moi aux manettes] lui avait permis de comparer le Guppy avec quelques grosses machines qu’il eut l’occasion de piloter au CEV (sur Constell, y avait des boosters d’ailerons, mais pas sur Guppy !).
Je joins à ce mail une autre image, prise quelques secondes plutôt, et extraite de la série de diapos que j’ai faites ce jour-là. J’en avais fait des tirages papier que j’avais donnés à mon père et qu’il a dû transmettre à Monsieur Chagnès – rassurez vous, je ne prends pas de droits d’auteur ! Pendant qu’ils faisaient quelques ronds dans l’air du coté de l’Union, nous avions posé le Rallye (toujours plein pot) à Blagnac et je les attendais devant le DC-10, qui stationnait près de l’ancienne tour, pour faire une photo du MicroStar au roulage et avoir les deux avions sur la même image. Quelques instants plus tard, la GTA me tombait dessus… mais j’ai échappé à la paille humide des cachots toulousains et sauvé mes diapos !
Georges aimait les avions, les petits comme les gros, et je me souviens de son sourire qui en disait long après l’atterrissage à Blagnac, où nous avions refait le plein de Jet A1. Concernant la comparaison entre le MicroStar et le Concorde aux basses vitesses, je pense qu’elle tournerait facilement à l’avantage du premier, car le MicroStar décroche vraiment et assez sainement, si j’en crois les notes que le paternel avait rédigées à l’époque, et que j’ai conservées précieusement.
N’ayant fait qu’un vol local et un convoyage pour un meeting à Bergerac, en place arrière bien sûr, je n’ai pas eu l’occasion de vérifier. Quant au « Pointu », dont j’ai fait 280 heures à la fin de l’exploitation, il ne décrochait pas, mais déclenchait en tangage à cabrer, si l’on surpassait la protection haute incidence, la démo au simulateur était proprement effrayante…
Je compte sur vous pour transmettre mes cordiales salutations à Monsieur Chagnès, en espérant le rencontrer de nouveau, avec vous si possible. Ayant émigré de longue date près de Paris, chez les fous, les occasions de « descendre » à Toulouse sont rares, bien que j’y compte quelques amis très chers… ♦♦♦
Cordialement,
Daniel Costes.