Un Microjet 200B dans la collection d’Espace Air Passion à Angers-Marcé…
Au début des années 1980, la mode dans les sphères militaires consiste à viser un jet d’entraînement économique, permettant également le maintien des compétences des pilotes de chasse à moindre coût. Le Centre d’essais en vol (CEV) à Brétigny évaluera ainsi un exemplaire du Bede BD-5J, un monoplace propulsé par un Microturbo TRS-18. Mais Microturbo, producteur du réacteur utilisé, imagine un nouveau biplace. Conçu au sein de Microjet SA, le Microjet 200 va voir le jour sous la forme d’un biplace à cabine côte-à-côte décalée.
Propulsé par deux TR-18, le Microjet retient une aile basse et des empennages en V. Le train tricycle est rétractable. Réalisé en bois, le prototype immatriculé F-WZJF vole pour la première fois le 24 juin 1980, aux mains de Jacques Grangette, à partir de Toulouse-Blagnac. L’appareil bénéficie des données enregistrées lors des vols effectués au préalable par un Rutan VariViggen, motorisé de deux TR-18 et construit par Léo Chagnes. Les essais en vol du Microjet seront poursuivis par la suite par Claude Lelaie et François-Louis Henry.
Trois autres exemplaires, dénommés 200B, suivront en effet le prototype, avec des évolutions de la cellule, dont notamment des winglets aux extrémités des empennages papillon. Le Microjet sera présenté dans divers salons aéronautiques, du Bourget à Farnborough, sans attirer un grand intérêt et aucune production ne sera finalement lancée, menant à l’abandon du programme.
Le biplace n’était pas surpuissant et l’on se souvient, lors des présentations au Bourget, d’un décollage bien amont de son créneau de présentation pour prendre lentement de l’altitude avant d’entamer un programme de voltige après avoir piqué pour emmagasiner suffisamment d’énergie… Des contacts avec la Chine furent entamés mais ils resteront sans suite, avec un architecture pas forcément parfaite notamment pour les sorties de vrille…
Avec une autonomie de 2h00, le Microjet 200B croisait autour de 390 km/h. Avec deux réacteurs d’un peu plus de 110 kg de poussée sur le prototype et de 135 kg sur les modèles 200B, l’appareil de pré-série pesait 780 kg à vide pour 1.300 kg à la masse maximale. Le pilotage se faisait par mini-manches. Le 200B n°1 sera perdu en mer, en baie de Saint-Brieuc en 1985. Le prototype et l’appareil de présérie n°3 seraient toujours stockés en France.
Constructeur de la pré-série, Marmande Aéronautique – aujourd’hui Creuzet Aéronautique – a décidé dernièrement de confier le Microjet 200B n°02 à l’Espace Air Passion. Ce biréacteur léger, dont le premier vol a été effectué le 13 mars 1985, est ainsi arrivé en Anjou en juin dernier avant un remontage pour faire partie des appareils exposés dans le musée d’Angers-Marcé. Cet appareil se distingue des autres Microjet par des points d’attache sous les voilures, prévus pour l’emport de charges militaires. ♦♦♦