Lors de sa formation menant au PPL, Arnaud Manzano a trouvé qu’il serait possible d’être plus efficace dans le cursus, notamment après avoir découvert les simulateurs réalisés par le constructeur espagnol Virtual Fly. Ce dernier propose en effet des simulateurs dynamiques avec cockpits mono et biplace, avec ou sans station extérieure pour l’instructeur.
Associé à Yann Vidal, Arnaud Manzano a donc créé en octobre 2013 la société Envolsim, basée à Guyancourt, non loin où se situait jadis l’aérodrome rendu célèbre par le constructeur Caudron. C’est là que se trouve le simulateur OVO-04, avec cabine monosiège et station instructeur à l’extérieur. Les paramètres représentés par ce simulateur, pesant près d’une tonne, sont ceux d’un Cessna 172 Skyhawk (180 ch à injection, pas et train fixes) ou Cessna 182 (train rentrant et pas variable).
L’instructeur dispose d’une visualisation du cockpit et peut paramètrer de nombreuses données : direction et force du vent, degré de turbulence, hauteur du plafond, type de nuages, type de précipitations, visibilité, vol de jour ou de nuit, masse de l’appareil, devis carburant, etc. tout en pouvant créer quelques pannes si besoin (moteur, avionique, instrumentation). La couverture géographique comprend le monde entier mais avec un « fond de carte » plus ou moins réaliste dans certaines pays.
Pour améliorer ce point, Envolsim a complété le système standard avec la juxtaposition, pour la France métropolitaine et la Corse, de photos issues de GoogleEarth, permettant de retrouver le paysage connu dans la réalité.
Un vol peut s’entreprendre depuis le sol, avec mise en route et roulage de l’appareil, ou bien aligné sur telle ou telle piste de tel ou tel aérodrome…
Une fois la porte du simulateur refermée, le pilote se retrouve aux commandes, casque sur les oreilles pour dialoguer avec son instructeur.
S’il s’agit d’un simulateur « dynamique », et non d’un entraîneur fixe, ce n’est évidemment pas un simulateur d’avion de ligne avec ses 6 axes de liberté
– ce n’est pas non plus le même prix… – mais une cabine qui peut prendre des assiettes ou des inclinaisons de +30/-30°. Il y a donc des limites.
La première est que l’OVO-04 n’est pas « certifié » DGAC et non les heures effectuées sur ce simulateur ne sont pas comptabilisables dans une formation. La visualisation offre un champ de 120°, donc ne permettant
pas de voir sur les côtés (assurer la sécurité avant un virage ou suivre latéralement sa navigation).
Si un tel simulateur ne semble pas optimisé pour l’apprentissage de base du pilotage, cela peut par contre s’avérer une aide pour certaines leçons, de la radionavigation au suivi de nav en passant par l’intégration sur un aérodrome. Envolsim peut mettre à disposition son simulateur, en assurant l’assistance,
si un instructeur veut venir assurer la leçon d’un de ses élèves. Ce sera le cas via le casque de la console instructeur ou, simulateur figé, à la porte de ce dernier pour parler de vive voix au pilote.
On s’installe pour une prise en main à partir d’un terrain connu. Le mélange de la visualisation de base et les images juxtaposées créént deux pistes à Etampes : la « vraie » issue de GoogleEarth et la « fausse » (en fait le taxiway) provenant de la visualisation de base. La tour, digne de Roissy, se trouve entre les deux… La mise en route du Cessna 172 est standard, avec le bruit du Lycoming atténué dans les écouteurs. Une check-list permet de ne pas changer ses habitudes. Frein de parking, magnétos, démarreur…
Aligné sur la piste, le rendu du sol s’avère peu détaillé mais une fois en montée initiale, on reconnait aisément l’environnement de l’aérodrome de Mondésir, jusqu’à la forme exacte de certains bois sous la vent arrière.
Un peu de maniabilité confirme la sensation obtenue à la rotation, avec des commandes très légères, bien différentes de celles du Cessna 172. La bille peut alors être joueuse et l’on peut « se secouer » si l’on n’y prend pas garde et s’offrir même quelques nausées si l’on est trop nerveux ! Un décrochage reste réaliste, avec un buffeting annonciateur aux commandes suivi du salut du nez. La première approche sera louvoyante en finale, le temps d’acquérir l’inertie de l’engin, le tour de piste étant fait de mémoire par rapport à des repères visuels déjà connus car sans pouvoir observer la piste trois-quarts arrière en fin de vent arrière. Il faut travailler au cap et à la montre pour l’éloignement…
On remet les gaz en courte finale, étant non aligné sur la piste en dur et l’on enchaîne par un encadrement qui se passe mieux, mais en calquant la pratique réelle sur la visualisation et en suivant les paramètres de hauteur,
car la visualisation ne permet pas d’aller chercher les fameux deux alpha par l’arrière ou par le travers. Dernier point à souligner, une difficulté à évaluer la hauteur même si le simulateur consent à confirmer que l’appareil n’est pas cassé à l’issue du contact avec le sol…
Malgré les limites évoquées, un tel simulateur peut être un complément à la pratique réelle, surtout en période hivernale où son emploi du temps est rarement en phase avec les conditions météo adéquates. Ce peut être une aide pour préparer une navigation, garder la main sur des procédures, avoir le temps de figer le simulateur pour une explication de l’instructeur.
Des blocs d’heures peuvent être vendus à des aéro-clubs, charge à ces derniers de revendre ensuite les heures de vol à leurs membres.
Le tout pour un coût qui au moins inférieur à la moitié du coût réel. L’heure de vol à l’unité, sans cotisation, est en effet proposée à 75 euros. En fait, le temps de vol est à choisir à la carte, comme sur avion réel… Au-delà de 6 heures de vol, la cotisation annuelle (de date à date) de 144 euros (ou 12 euros par mois avec un engagement sur 12 mois) est amortie, permettant de voler au prix de 50 euros/heure. L’offre privilège s’amortit au-delà de la 12e heure de vol, avec une cotisation annuelle de 480 euros (ou 40 euros par mois sur 12 mois) et une heure de vol qui tombe à 20 euros. Le tout avec un espace membre
(Aero Virtuel Club) avec réservation en ligne via OpenFlyers.
Si les paramètres des 172/182 ne sont pas bien différents de ceux des Piper concurrents, volants compris, et que la Vp n’est pas cruciale à 10 Kt près si l’on travaille la navigation, dans les projets futurs d’Envolsim figure l’achat d’un second simulateur qui pourrait alors proposer les paramètres d’un DR-400.
Implantée à faible distance des aérodromes de Saint-Cyr l’Ecole, Chavenay
et Toussus-le-Noble, Envolsim compte intéresser des (futurs) pilotes privés, un marché complété dans la pratique par des « vols d’initiation » ou de découverte au profit de non-initiés, qu’il s’agisse d’individus (via des cartes-cadeaux) ou des groupes via notamment des événements d’entreprises (challenge, séminaire, soirée évenementielle). ♦♦♦