Créée en 1992 dans le domaine de la conception des cartes et dans la cartographie publicitaire, Editerra est devenue, il y a une dizaine d’années, l’éditeur de la carte créée par Jean Bossy (VFR France), ce dernier participant à la réalisation des cartes notamment au niveau du traitement des données aéronautiques. La collaboration entre la société et le concepteur s’est étendue ensuite à la réalisation d’autres cartes couvrant des pays européens.
Ces dernières années, jusqu’au point culminant fin 2014, des divergences de vue sont apparues avec une « perte de confiance » ayant poussé Jean Bossy en 2015 à reprendre la main sur « sa » carte pour maîtriser la qualité de la 1/1.000.000e France. La séparation est désormais actée et chacun proposera cette année ses propres cartes, avec des différences au niveau de la forme mais aussi sur le fond.
Toutes les cartes édition 2015, à toutes les échelles, vont exiger un fort accroissement de la charge de travail de la part des concepteurs et éditeurs car il faut prendre en compte une évolution de l’espace aérien suite à la mise en application, au 4 décembre dernier, des nouvelles Règles de l’air européennes standardisées (SERA) et la transformation notamment de certaines classes A en classes D. Faute de temps, Jean Bossy, épaulé par une équipe de bénévoles passionnés, s’est volontairement limité en 2015 à une carte France (avec deux versions, semaine et week-end, « papier » et « numérique ») pour en maîtriser la qualité, comptant poursuivre l’an prochain sur d’autres pays européens.
De son côté, Editerra a décidé de lancer une nouvelle gamme intitulée Air Million, avec des cartes imprimées recto-verso au 1/1.000.000e couvrant le Royaume-Uni et l’Irlande (fin février), la France, l’Allemagne, les Alpes, et aussi désormais l’Espagne et le Portugal (sorties annoncées en mars prochain). Editerra diffusera sa gamme Air Million à partir de son site, avec des versions « papier » (17,50 € l’unité) et « numérique », tout en annonçant une application (version béta) « bientôt disponible sur l’Apple Store pour tablettes et smartphones » (fin février).
Si la sortie simultanée de cartes concurrentes (au moins pour la France dans un premier temps) peut perturber l’acheteur habituel, la philosophie devrait être différente sur certains points, notamment du côté de la « surcharge aéronautique » comme ne manqueront pas sans doute de le faire remarquer les deux concurrents sur leurs sites respectifs. Ainsi, à titre d’exemple, Editerra a décidé de revenir aux fréquences affichées intégralement (118.1) et non pas abrégées (18.1) comme le faisait et le fera encore Jean Bossy pour limiter la surcharge et faciliter la lecture dans un cockpit.
De la même façon, Editerra a décidé de réincorporer « toutes les zones de classes E ». De son côté, Jean Bossy persiste pour privilégier la clarté de sa Bossy France 2015, supprimant donc « une grande partie des classes E sauf sous 1.000 ft AGL » car « il n’y aucune différence à faire, en VFR, entre classes E et G sauf dans la tranche 0/3.000 ft AMSL ou 0/1.000 ft AGL quand la météo n’est pas très bonne : moins de 5 km de visi ou moins de 1.500m/1.000ft des nuages ». Il n’y a plus de CTR En classe E, et dans le doute sur une classe G ou E, sous 3.000 ft, « il faut appliquer les 5 km ou ne pas dépasser 1.000 ft/sol ».
L’utilisateur pourra se faire sa propre idée sur l’intérêt des différentes philosophies en comparant les deux types de cartes, lors d’un usage pratique en vol, ceci une fois les cartes éditées, c’est-à-dire courant mars prochain, date de sortie imposée à tous pour pouvoir intégrer les dernières modifications AIRAC du mois de février. ♦♦♦