En 2015, l’Ercoupe pourra fêter l’anniversaire des 75 ans depuis les débuts de sa production. L’Ercoupe, c’est un biplace conçu et produit au sein de la société Engineering and Research Corporation (ERCO) juste avant la Seconde Guerre mondiale. Le monomoteur sera produit jusqu’aux années 1970. L’objectif visé est de proposer aux pilotes « l’avion le plus sûr ». Le concept de l’Ercoupe a été mis au point par l’ingénieur Fred Weick.
Ce dernier, au début des années 1930, travaille au sein du National Advisory Committee for Aeronautics (NACA), qui deviendra par la suite la NASA. Avec des collègues, il conçoit un premier appareil probatoire, le W-1, destiné à faciliter le pilotage. Pour l’époque, les innovations sont nombreuses dont le train tricycle alors que la majorité des avions légers sont à train classique. La roue avant est de plus conjuguée. Le monomoteur intégre des volets faisant office d’aéro-freins pour gérer le plan d’approche.
Mais l’innovation principale du W-1 demeure son pilotage uniquement au manche, avec un mélangeur pour les axes de tangage et de roulis. De plus, l’autorité de la profondeur a été volontairement limitée pour éviter toute perte de contrôle par décrochage ou vrille. En France, une même orientation est alors recherchée par Henri Mignet et son Pou-du-Ciel qui vire par roulis induit, n’ayant pas d’ailerons considérés comme néfastes à la sécurité des vols… Cette recherche de l’avion non décrochable sera encore l’un des points du cahier des charges de Morane-Saulnier pour le programme du Rallye.
Le W-1, destiné à rester un prototype unique, valide en vol les idées de Fred Weick. L’appareil sera passé en soufflerie par la NACA, avec ou sans becs fixes de bord d’attaque. En 1934, le Bureau of Air Commerce (ancêtre du ministère des Transports américain) lance une compétition pour déterminer l’avion le plus sûr. Le vainqueur sera le Stearman-Hammond Y-1 qui reprend des idées experimentées sur le W-1. Mais l’appareil ne connaîtra pas le succès commercial avec 20 machines. Il ne suffit pas d’être « sûr » pour plaire aux acheteurs protentiels…
Quittant le NACA en 1936, Fred Weick rejoint la société ERCO comme directeur technique, avec l’objectif de produire en série un appareil le plus sûr à piloter et le plus simple à construire. Le projet va donner naissance à l’Ercoupe, avec son aile basse, son cockpit côte-à-côte, son train tricycle et son double empennage. Le prototype décolle en octobre 1937. Après certification, l’appareil, motorisé par un Continental A-65, entre en production, l’administration américaine lui reconnaissant la spécificité d’être « incapable d’entrer en vrille »
Le pilotage est « tout au manche » en l’absence de palonniers. Le manche, en latéral, est en fait une commande couplant directions et ailerons, agissant donc à la fois en lacet et en roulis. Il n’y a pas besoin de conjugaison. La CAA (future FAA) doit alors mettre en place un nouveau type de licence de pilote pour les utilisateurs d’Ercoupe, puisque ces derniers ne sont pas habilités à piloter des appareils « traditionnels » sans une formation complémentaire.
Après guerre, la production de l’Ercoupe va reprendre, sous licence chez différents constructeurs, pour un total de plus de 5.600 appareils produits dont 3 exemplaires se trouvent actuellement sur le registre français des immatriculations. Au pic de production, plus de 30 machines sortaient chaque jour de l’usine ERCO tournant en 3×8 !
L’Ercoupe sera donc la vedette de certains meetings cette année, notamment aux Etats-Unis, du Sun’n Fun jusqu’à l’AirVenture d’Oshkosh (www.ercoupe.org) où de 75 à 100 Ercoupe sont attendus en juillet prochain, mais aussi en Europe, puisque les 16-17 mai à Anvers, se tiendra le 8e Ercoupe Fly-In en parallèle au 25e rassemblement Stampe (www.stampe.be). ♦♦♦
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