Depuis le 17 novembre 2013, toutes les VHF installées sur un nouvel aéronef doivent être compatibles 8.33 kHz (espacement plus étroit des fréquences) et c’est également le cas s’il faut changer une radio sur un appareil ancien, sauf si le même type de VHF peut être trouvé pour son remplacement. A compter du 1er janvier 2018, quelles que soient les règles de vol (VFR ou IFR), toutes les radios devront avoir une capacité 8.33 kHz sauf pour les aéronefs utilisés uniquement dans des espaces aériens à proximité d’aérodromes ne « bénéficiant » pas d’une fréquence en 8.33 kHz. Ceci est une orientation voulue par Eurocontrol.
Les fédérations aéronautiques françaises sont montées au créneau pour repousser ce projet coûteux. La FFA a déposé une requête pour que les VHF 8.33 kHs ne soit pas obligatoires à partir de janvier 2018, demandant un report à 2015 pour les espaces aériens sous le FL125, mais ceci n’a… pas été retenu par Eurocontrol. A écouter la FFVV, les « fédérations françaises se sont retrouvées quasiment seules à demander de sursoir à l’application » de ce projet réglementaire qui va imposer de changer toutes les VHF installées si les utilisateurs veulent émettre sans interférer avec les VHF à la nouvelle norme et/ou voyager de façon pratique en France…
8.000 aéronefs pourraient être ainsi concernés en France. Lors d’une réunion à la DGAC en octobre dernier, les modalités pratiques ont été un peu plus précisées. Si l’aéronef comprend deux VHF, l’obligation 8.33 kHz ne portera que sur un seul des deux postes. Si un combiné VHF-GPS peut constituer l’avenir dans le cas d’une refonte à cette occasion du tableau de bord d’un appareil, la réglementation ajoute un frein supplémentaire puisque, pour le test pratique du PPL(A), il est encore « obligatoire » de prouver sa capacité à utiliser un… VOR.
En mai 2014, la FFA a lancé une enquête auprès de ses 600 et quelques aéro-clubs afin d’établir une première estimation de l’impact financier. 110 clubs seulement ont répondu pour un total de 429 avions soit 18% des 2.300 aéronefs figurant dans la flotte des associations affiliées. Sur ces 429 avions, 109 comptaient une seule VHF, 42 une seconde VHF, 320 un combiné VHF-VOR et 64 un second combiné VHF-VOR soit 535 postes VHF concernés.
L’enquête fédérale sur les prix moyens des postes VHF 8.33 kHz a révélé des montants allant de 1.500 à 2.000 € TTC pour une VHF simple et de 2.500 à 4.500 € TTC pour un combiné VHF-VOR, ceci hors dossier de modification et hors montage. La modification de la LSA (licence de station d’aéronef) est estimée entre 700 et 1.500 € HT, avec une redevance EASA pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros. Le montage en atelier agréé pourrait atteindre des montants similaires, voire plus si la boîte de mélange ou l’interphone de bord ne sont pas compatibles avec les nouveaux équipements !
Ainsi, pour l’ensemble des appareils utilisés dans les associations affiliées aux fédérations aéronautiques françaises concernées (FFA, FFVV, FFP, FFPLUM, RSA…), un montant total de 30 millions d’euros est cité. S’il s’agit de participer à l’amélioration du PIB du pays, c’est gagné ! La FFVV annonce travailler « sur un allègement des procédures et des coûts pour les changements des postes de radio » et examine aussi la possibilité de réaliser des commandes groupées.
Une nouvelle réunion technique doit avoir lieu le 27 janvier mais malgré l’impact financier important de ce projet, il semble que la tendance soit désormais bien définie, l’activité aviation légère n’ayant pas de poids face à l’aviation commerciale, sachant que l’aviation générale haut de gamme (IFR) est déjà passée sous 8.33 kHz… ♦♦♦
Photo Cessna Aircraft