C’est l’Association belfortaine de vol à voile (ABVV) qui a poussé Jacques Humbert à développer une version remorqueur de son biplace côte-à-côte à ailes hautes, le Tétras. L’étude et la réalisation ont été menées au premier semestre 2014 à partir d’une cellule de Tétras CSL, soit le modèle à ailes courtes (C), à Rotax 912S (S) et à train à lames (L).
Le Tétras remorqueur reçoit un crochet Tost à l’arrière du fuselage, décalé par rapport à l’axe de symétrie à cause de la roulette arrière. Pour une bonne répartition des efforts, pour optimiser le vieillissement de la cellule (un remorqueur est relativement sollicité avec un nombre de mouvements importants dans sa carrière) et pour couvrir la traction d’un planeur de 600 kg dans un cône de 30° (comme le prévoit la réglementation concernant les avions remorqueurs), un renfort a été placé à l’arrière du fuselage.
Les autres modifications portent sur l’installation d’un rétroviseur sur le hauban de l’aile gauche, des passe-câbles pour le largage du câble depuis la place pilote et surtout un meilleur refroidissement moteur que sur le modèle standard afin de couvrir les montées plein gaz à vitesse relativement faible. Pour ce dernier point, Humbert Aviation a repris l’installation utilisée sur des Tétras en opérations dans différents pays d’Afrique dans le cadre d’un programme soutenu par le ministère des Affaires étrangères. Aussi, le radiateur n’est plus monté à plat mais verticalement, avec son alimentation provenant en partie de l’air extérieur et l’autre de l’air circulant déjà dans le compartiment moteur. Le 912S est accouplé à une hélice tripale Duc Windspoon à calage ajustable au sol.
Toutes ces modifications font du Tétras R un modèle distinct et il n’est pas possible de rétrofiter un kit « remorquage » sur un modèle ancien, précise Jacques Humbert qui dirige la société créée en 1984. L’installation d’un enrouleur n’a pas été considérée comme possible, pour des raisons de masse, avec un devis augmenté d’une vingtaine de kilogrames, augmentation non couverte par le gain (environ 10 kg) permis par l’installation d’un parachute intégral (472,5 kg au lieu de 450 kg). Ainsi, la masse à vide du modèle R, en configuration standard, est de 282,6 kg.
Le premier modèle du Tétras R est sorti de l’atelier du constructeur de Ramonchamp (88) en mai dernier. Durant l’été passé, les essais de remorquage ont été menés au Centre national de vol à voile (CNVV) de Saint-Auban, aux mains de Daniel Serres, pilote d’essais de la FFVV.
En conclusion de son rapport, après 18 vols pour une durée totale de 5h20, ce dernier précise que « les performances de longueur de roulement de décollage et de montée, sont supérieures à celles des remorqueurs de type Rallye MS-893 ». Par ailleurs, il est précisé que « la bonne visibilité (au sol) sera confirmée en vol : quelles que soient les configurations – montée à forte pente, approche à faible pente, vent travers – malgré la présente de l’aile haute. Toutefois, celle-ci peut présenter une gêne lors des descentes en virage ».
Une fois l’homologation acquise, le Tétras CS R (et non pas CSL R « car cela faisait trop de lettres ! ») a effectué une fin de saison de remorquage à Belfort, depuis début août dernier. Les planeurs remorqués sont limités à 700 kg, avec notamment la mise en vol de biplaces comme des DuoDiscus, Janus motorisé et ASH-25 « même si cela ne remplace pas un avion » car dans l’idéal, « il faudrait de 130 à 140 ch » pour les gros biplaces ballastés, mais cela ferait sortir l’engin de la réglementation ULM…
En version de base, avec une radio, le Tétras R est proposé à 76.000 € TTC, les options (transpondeur, Flarm, parachute intégral, etc.) étant laissées au choix du client selon l’environnement du club vélivole. Après les MCR ULC, Dynamic WT9, FK-9, Eurofox, AK3 UL, Phoenix, G1 Spyl, Sensation et Ikarus C-42, le Tétras R rallonge la liste des ULM homologués par la FFVV pour remorquer. ♦♦♦
Photos via Humbert Aviation et ABVV
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