Dans le cadre des Samedis de l’Histoire, organisés par la commission Histoire de l’Association aéronautique et astronautique de France (3AF), une conférence sera donnée le 13 décembre prochain sur le thème « Paris, tragique cible de la première V2 ».
Le 8 septembre 1944, une explosion s’est en effet produite dans le quartier de Maisons-Alfort, faisant 6 morts et une trentaine de blessés. Cette commune de la banlieue parisienne sud – vient d’être la cible de la « première frappe stratégique de l’histoire ». Quelques minutes auparavant, une fusée V2 a été lancée de la région de Gouvy-Sterpigny dans les Ardennes belges. Cette batterie expérimentale, mise en place depuis le 6 septembre, a pour mission d’effectuer le premier tir sur la ville de Paris.
La fusée A4 devenue V2, « arme de représaille » voulue par Adolphe Hitler (V pour Vergeltungswaffe ou Vengeance), va constituer une sérieuse menace pour les Alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec une fusée supersonique impossible à intercepter une fois son lancement effectué. Après guerre, les Alliés vont récupérer la technologie et les ingénieurs allemands en charge de ces programmes pour développer ce type de fusée, dont un certain von Braun à l’origine de la V2 qui deviendra, aux Etats-Unis, le responsable du programme Apollo de la Nasa.
La conférence sera donnée par Laurent Bailleul (président de l’association Anciens Aérodromes), Christophe Rothmund (3AF) et Philippe Jung (A3F). Le premier présentera le parcours de l’unité ayant lancé la V2 sur Paris et les différentes phases de préparation pour le lancement du 8 septembre 1944 qui allait inaugurer une série de 22 frappes sur la capitale française. Le second résumera le développement de la quatrième fusée (A4) de von Braun au sein de l’établissement de recherches de l’armée de Terre à Peenemünde, centre d’essais proche de la Baltique. Le premier tir réussi d’une V2, le 3 octobre 1942, après quelques échecs, « matérialisa un saut technologique sans précédent » avec un objet franchissant le mur du son (plus de 5.000 km/h) et atteignant l’espace (90 km d’altitude).
Le troisième conférencier montrera l’importance des retombées mondiales de la V2, point de départ des activités spatiales de trois pays. Von Braun, avec 129 ingénieurs, passa du côté américain pour expérimenter, à partir de fin 1946, des fusées V2 fabriquées par General Electric. Chertok, futur adjoint de Korolev (le pendant soviétique de von Braun) fut rapatrié en URSS avec 177 ingénieurs pour réaliser la fusée R1, copie de la V2 essayée en octobre 1948. Moins de 10 ans plus tard, la version améliorée de la R-1 lançait le premier satellite artificiel, Spoutnik. La Chine allait également se lancer dans le spatial avec la R-2 en septembre 1960.
La France récupéra de son côté 110 ingénieurs allemands, la plupart arrivant au centre de Vernon, dans l’Eure afin de profiter de leur expérience en matière de propulsion liquide et de guidage. ♦♦♦
Musée français de la Carte à jouer, le 13 décembre à 14h30.
16, rue Auguste Gervais, Issy-les-Moulineaux. Métro Mairie d’Issy (ligne 12).
Entrée libre, sans réservation. Exposé illustré et échanges de vue, de 14h30 à 16h30.