Dans les pays qui ont développé, depuis longtemps, des outils de sensibilisation aux connaissances non-techniques (éducation au jugement, prise de décision, conscience de la situation, gestion des erreurs et des menaces…), avec la notion de « facteurs humains », le nombre d’accidents a été divisé par 2 et les pilotes font de 10 à 50% moins d’erreurs de jugement.
Admettre que tous les pilotes – quelle que soit leur expérience – sont vulnérables, que voler est une activité à risque, qu’il est nécessaire de bien connaître les menaces potentielles pour mettre en place des contre-mesures… sont autant de pas dans la bonne direction pour s’impliquer dans la sécurité des vols. Si les formations en France sont à 80% orientées vers les connaissances techniques (donc observables et validables par des QCM), 80% des accidents ont des causes liées à des connaissances non-techniques (conscience de son environnement, jugement, décision), donc non observables et peu ou pas enseignées suffisamment.
Améliorer ses capacités dans le domaine des connaissances non-techniques passe par l’expérience acquise au fil du temps mais aussi par l’expérience des autres, via notamment la littérature (rapports d’événements) et les Rex (retours d’expérience). L’objectif est de se construire une culture de la sécurité synonyme de vigilance, en jouant la prudence, en levant les doutes, en définissant ses propres limites, en se connaissant mieux soi-même… C’est la « bonne attitude ». Voici quelques règles de base à suivre ou à connaître pour être mieux armé…
– La pression subie par le pilote est une source importante d’accidents parce qu’elle le pousse à prendre des risques (compétition, regard des autres, etc.).
– Un pilote a tendance à se comporter en vol comme dans sa vie de tous les jours… et certains de ces comportement ne sont pas toujours adaptés une fois là-haut.
– Un pilote de ligne doit savoir maîtriser beaucoup de situations. Un pilote qui vole pour ses loisirs doit savoir en éviter beaucoup.
– Le stress est une alarme qui vous prévient d’un éventuel danger. S’agit-il d’une simple anxiété ou d’une situation à éviter ?
– Vous devez éviter avant toute chose que la situation ne vous dépasse.
– Pesez la réalité de vos capacités et la réalité de la situation. La balance doit toujours pencher de votre côté et le doute doit entraîner la prudence.
– La différence entre une situation normale et une situation périlleuse, c’est parfois seulement quelques secondes de vol.
– Un pilote est confronté à de nombreuses « Première fois ». Anticipez-les si c’est possible et
évitez de les cumuler dans un même vol.
– L’erreur est indissociable de l’activité humaine. Tous les pilotes font des erreurs.
– Quelles sont vos limites personnelles : vent, turbulences…? Définissez-les.
– Pour progresser, ayez l’esprit critique sur vos propres expériences, c’est un trait commun chez les meilleurs pilotes.
– Le bon réglage de la confiance est un gage de sécurité. L’excès de confiance peut vous entraîner dans des situations hasardeuses.
– Le mot discipline n’est pas un gros mot en aéronautique, c’est même une qualité.
– L’être humain à tendance à sous-estimer naturellement les risques.
– S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir une fois en vol, c’est : je suis vulnérable.
– Nous nous croyons souvent meilleurs que les autres et meilleurs que nous le sommes.
– Un trait commun chez les meilleurs pilotes : ils lèvent les doutes à chaque fois que c’est possible : l’équipement, la météo…
– Le stress est une véritable calamité pour les pilotes. Le pilote va éprouver des difficultés à se concentrer, il va commettre des erreurs.
– Il n’y a pas de pilote sans connaissances. Les meilleurs pilotes connaissent très bien leurs limites et ils font tout pour y rester.
– Un pilote de ligne évolue dans un milieu très cadré, alors qu’un pilote qui vole pour ses loisirs est le plus souvent livré à lui-même.
– Piloter est une activité exigeante. Tout ce qui peut affecter votre vigilance (fatigue
physique ou mentale…), doit vous inciter à la prudence.
– Profitez de l’expérience des pilotes expérimentés à chaque fois que c’est possible.
– Pour éviter d’être surpris, ayez des « plans B », utilisez le « Et si… ». Et si le vent se lève ?
– La conscience des risques, la perception des dangers, est proportionnelle à l’expérience. Prudence si vous débutez.
– N’attendez pas le dernier moment pour prendre une décision. Dans les moments critiques forcez-vous à prendre une décision.
– La priorité donnée au pilotage doit être, ou devenir, une seconde nature.
– Regardez « loin devant » au sens propre comme au sens figuré, et anticipez ce qui peut l’être. ♦♦♦
Ndlr : extrait de « La performance du pilote », ouvrage de Jean-Gabriel Charrier
En partenariat avec www.MentalPilote.com