Après le projet de l’Aviation civile australienne (CASA pour Australian Civil Aviation Safety Authority) visant à prochainement limiter l’utilisation d’aéronefs motorisés par des groupes Jabiru, l’organisation australienne défendant les intérêts de l’aviation de loisir (RA-Aus pour Recreational Aviation Australia, revendiquant 10.000 pilotes évoluant sur 3.500 appareils) est montée au créneau, pour défendre le motoriste. Elle tient à corriger l’impact négatif que l’information diffusée par la CASA aura sur « l’aviation australienne et l’économie » mais aussi, peut-être, sur… « la sécurité dans le milieu aéronautique » (?).
Tout en admettant que « la fiabilité des moteurs Jabiru est notablement moins élevée que celle des moteurs concurrents », à lire la réponse de RA-Aus diffusée sous la forme d’un courrier de 6 pages, la CASA n’aurait pas justifié par des données chiffrées précises son affirmation d’une augmentation imporrtante du nombre de pannes moteur pour des aéronefs motorisés Jabiru, tel qu’indiqué dans son projet mis en consultation jusqu’au 20 novembre.
RA-Aus demande ainsi à l’autorité australienne de retirer son projet réglementaire et de consulter toutes les parties concernées pour trouver une solution acceptable, considérant qu’un « tort irréparable » a été fait pour « l’industrie aéronautique australienne déjà fragilisée » – il est vrai que l’arrêt d’activité de Jabiru Engines poserait quelques problèmes aux utilisateurs de ces moteurs…
RA-Aus prenant fait et cause pour le motoriste, avec essentiellement des arguments économiques, n’y va pas par quatre chemins, considèrant que la politique de la CASA met en jeu l’avenir d’une société aéronautique australienne, menaçant par là-même l’aviation de loisirs du pays… Sur des problèmes de fiabilité similaires, il serait bon sans doute de faire le parallèle, en Europe, avec les moteurs diesel Thielert, sans doute un peu trop vite certifiés par l’EASA. RA-Aus se retranche derrière les 1.000 aéronefs motorisés Jabiru en Australie, totalisant 92.000 vols pour plus de 41.000 heures de vol durant ces 10 derniers mois.
A lire ce courrier, on comprend que Jabiru aurait voulu que le projet de limitation de l’utilisation des aéronefs ne soit pas diffusé avant une réunion de concertation entre motoriste et administration, mais le projet a été évoqué officiellement par des fonctionnaires de la CASA lors d’un séminaire destiné aux instructeurs australiens, organisé par RA-Aus, et l’information a commencé à circuler. Puis le projet a été diffusé officiellement sur le site de la CASA.
Le projet de limitation de l’utilisation des aéronefs motorisés Jabiru a alors fait le tour du monde, secouant le milieu de l’aviation légère, des pilotes propriétaires ou non aux représentants de la marque dans différents pays. RA-Aus souligne au passage que le cursus de formation d’un élève-pilote comprend des heures de vol solo et que si cela n’est plus possible selon les mesures prévues (vol en instruction uniquement), cela portera un coup fatal à de nombreuses écoles. Pour l’heure, une réunion entre CASA, RA-Aus et Jabiru a eu lieu. La CASA a modifié son texte en mettant en avant le côté « sécurité » des mesures proposées et en soulignant la bonne réputation et la fiabilité des moteurs Jabiru… La période de consultation du projet a été repoussée d’une semaine, au 27 novembre.
Jabiru a précisé à cette occasion avoir produit 3.665 moteurs depuis 2005, avec 35 cas connus de problèmes liés aux carters, révélés au sol lors d’une opération de maintenance ou lors d’une panne en vol. Le motoriste, sur les trois années passées, a porté ses efforts sur ce problème ainsi que les soucis de soupapes pouvant détériorer les pistons et mener à la panne, avec notamment la publication de plusieurs Bulletins Service (BS). La plupart des problèmes de carters sont survenus sur des groupes 2200 équipant des appareils fortement sollicités en école de formation. RA-Aus annonce aucun cas survenu sur des machines de propriétaires tandis que les deux-tiers des écoles de formation australiennes (total d’environ 170 unités de formation) utilisent des groupes Jabiru. ♦♦♦