Mooney Aircraft a eu ses heures de gloire dans les années 1970-1980, avec les monomoteurs à piston les plus rapides du marché. La série des quadriplaces a été développée à partir d’un petit monoplace, le M-18 Mite, déjà reconnaissable à sa dérive à bord d’attaque droit voulu par Al Mooney. Avec une cabine « cosy », un train rétractable court et une dérive droite (en fait, tous les empennages, vertical compris, pivotent avec le plan fixe horizontal quand le pilote compense sur l’axe longitudinal…), les Mooney vont se tailler une solide réputation de monomoteurs de sport – avec l’image de la voiture de sport agile opposée à la grosse berline confortable qu’est le Beech 35 Bonanza.
Cette image sera encore renforcée avec l’arrivée au bureau d’études de Roy LoPresti qui, en aérodynamicien, affinera les cellules, inclinant plus le pare-brise, retravaillant les entrées et sorties de capots moteur, étanchéifiant parfaitement l’espace entre voilure et gouvernes, etc. Le tout pour gagner en performances avec les mêmes motorisations installées. Le dernier modèle envisagé, resté à l’état de prototype, sera le M-301. La société de Kerville sera par la suite un temps propriété du Français Alex Couvelaire, à l’époque où Mooney Aircraft fut un temps associé au programme TBM-750 d’où le M pour Mooney et le TB pour Tarbes, le M-301 ayant servi à quelques études préliminaires pour le futur monoturbopropulseur.
Puis, ayant changé à nouveau de propriétaire et notamment avec la crise économique de 2008, le carnet de commandes va décliner, poussant la société à suspendre la production, ne gardant que quelques employés pour assurer la navigabilité et les pièces détachées. Il faudra attendre octobre 2013 pour que Mooney Aircraft soit racheté par la Soaring America Corporation, une société californienne dirigée par Cheng Yuan, originaire de Taiwan. Ce dernier est à la tête d’un groupe d’investisseurs chinois dont le Meijing Group. Il était alors question de reprendre, toujours au Texas, la production des modèles Acclaim S (croisière rapide de 242 Kt) et Ovation 3 (197 Kt).
Avec une recapitalisation, le constructeur a ainsi redémarré la production en février dernier, achevant la construction de cinq cellules restées incomplètes après l’arrêt de la chaîne de production en 2008. En avril dernier, le constructeur annonçait un investissement de 50 millions de dollars, l’emploi de 85 personnes avant de passer à 140 employés fin 2014 et la livraison prévue de 6 monomoteurs en 2014 et 30 en 2015.
Pendant cette période, dans le plus grand secret, avec son partenaire Dzyne Technologie, Mooney a développé une nouvelle gamme sous le nom de M-10, dévoilée au récent salon de Zhuhai, en Chine. Le M-10 est décliné en deux modèles, les M-10T et M-10J. Tous deux sont à train tricycle et en matériaux composites. Tous deux utilisent des moteurs Continental diesel (CD-135 et CD-155), motoriste devenu… chinois il y a quelques années déjà.
De la silhouette typique des Mooney, les M-10 ont conservé… la dérive droite, une marque du constructeur comme Farman ou De Havilland ont « signé » leurs appareils dans les années 1930 avec le dessin particulier des empennages verticaux. Pour le reste, on retrouve une silhouette proche de celle des Cirrus ou Columbia, avec une aile de bon allongement.
L’appareil présenté à Zhuhai est une maquette échelle 1 et les appareils de série ne sont pas attendus avant 2017, le temps de mener les essais de certification. Le modèle propulsé par un 135 ch, le M-10T est un biplace à train tricycle fixe, destiné au marché de la formation. Le M-10J, à train tricycle rétractable, est un biplace motorisé par un Continental 2.0 plus puissant (155 ch), visant le marché du propriétaire privé avec comme objectif une croisière d’au moins 170 Kt et une distance franchissable de 1.000 nautiques. En option, il pourra devenir triplace avec un siège à l’arrière.
En choisissant les matériaux composites, Mooney abandonne la technologie tout métal mais, contrairement au Cirrus SR-22, le constructeur texan retient un train rétractable pour le M-10J. Pour l’heure, il n’a pas été précisé si les appareils seront produits au Texas ou en Chine, le marché de l’aviation générale étant visé à la fois en Occident et en Chine. Les appareils « métalliques » devraient rester en production puisque le M-10T est annoncé comme « un tremplin vers la gamme des M-20 » qui a compté entre autres les modèles 201, 231 et 270 avant les Acclaim et Ovation. Aucun prix n’a été annoncé pour les nouveaux M-10. ♦♦♦