Hier s’est tenue – comme annoncé auparavant sur ce site – une conférence de Jean-Gabriel Charrier sur les « facteurs humains » et les « qualités de l’aviateur », le tout organisé au Bourget par le Comité francilien de vol à voile. L’occasion pour la centaine de participants de découvrir ou de revoir le concept des connaissances non-techniques, celles mises en jeu dans 80% des causes d’accidents alors que la « formation à la française » s’est surtout concentrée depuis des décennies sur les connaissances… techniques.
Il y a pourtant là un gisement de forte progression en matière de sécurité – surtout dans un pays comme la France à la culture latine et où la sécurité est considérée encore trop souvent comme une contrainte… – avec la diffusion d’informations et de conseils aux pilotes sur diverses problèmatiques, de la prise de décision aux biais de jugement (déformation de la réalité) en passant par la gestion du stress, la détermination de ses propres limites ou la gestion des erreurs et des menaces. Il s’agit de retenir de bonnes pratiques en utilisant les ressources de chaque pilote, variables selon leur propre expérience…
Cette évolution prendra du temps et passera en grande partie par les instructeurs, devant insuffler une culture de la sécurité dès les premiers vols de leurs élèves. Cette amélioration ne prendra effet que si les pilotes s’impliquent volontairement, et non pas de manière forcée, dans cette nouvelle attitude. Une multitude de pistes de travail et d’outils liés aux facteurs humains (« Et si… ») sont disponibles sur le site MentalPilote, tenu à bout de bras par Jean-Gabriel Charrier, dont les travaux sont nettement plus reconnus à l’EASA qu’en France – nul n’est prophète…
Ainsi, sur son blog MentalPilote, Jean-Gabriel Charrier poursuit les échanges avec les participants de la conférence d’hier, mais aussi avec les internautes concernés, en complétant certains points ou en répondant plus en détail à des questions de pilotes, d’instructeurs ou de dirigeants de clubs lors de la conférence, que ceux-ci évoluent dans le domaine de l’avion, de l’ULM ou du planeur.
Les points importants pour cette « nouvelle approche » de la sécurité des vols sont les suivants : il faut donner des clés aux pilotes pour améliorer leur manière d’agir. Ces derniers doivent être conscients qu’un pilote, quelle que soit sa compétence et son expérience, reste vulnérable dès qu’il est en l’air. Chacun doit donc être conscient des risques potentiels et avoir un naturel prudent afin de détecter la mise en place de menaces (dégradation des conditions météo, vent de travers trop fort pour ses compétences, pression sociale à réaliser à date fixe un vol d’initiation, problème technique, etc.).
Tout pilote doit être vigilant et lever des doutes, identifier les menaces et mettre en place des contre-mesures. Tout ceci impose une implication volontaire du pilote car « l’anticipation, c’est l’intelligence du pilote » (J.-G. Charrier).
Parmi les fiches à consulter sur MentalPilote, celle intitulée « Impulser une culture de la sécurité au sein de votre organisation » devrait intéresser les dirigeants et instructeurs de clubs. Il ne s’agit pas d’une révolution, car de nombreuses pratiques sont déjà en place (comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir !), mais plus d’une formalisation et d’une systématisation de certaines pratiques… Et cela doit provenir d’une prise de conscience personnelle et non pas d’un Système de gestion de la sécurité (SGS) imposé réglementairement par l’EASA sous la forme d’un manuel copié-collé de celui de sociétés de transport aérien… ♦♦♦
Photo MentalPilote