Après des années sous le statut de Zones d’interdiction « temporaires » (ZIT), les zones de 5 km de rayon de 1.000 m de hauteur environ autour des centrales nucléaires sont devenues des zones P (Prohibited). La France étant le seul pays à « protéger » ainsi ses
centrales nucléaires, régulièrement, chaque année, quelques voyageurs aériens en provenance de l’étranger ont droit au « cirque sécuritaire » avec interception en vol et/ou au sol, interpellation par la maréchaussée, procès-verbal et l’on en passe… Officiellement, la peine encourue peut aller de 15.000 à 45.000 €, voire être assortie d’une période d’emprisonnement !
A chaque fois, c’est par méconnaissance de la réglementation que la pénétration de la zone se fait. S’il s’agissait d’une pénétration volontaire avec un objectif malveillant, l’interpellation serait un brin trop tardive, montrant bien les limites de la réglementation en vigueur. En 2001, les attentats de New-York ont prouvé aux incrédules que l’énergie cinétique d’un avion de ligne était supérieure à celle d’un petit monomoteur… Au vu du parc de centrales nucléaires (le premier au monde ramené au nombre d’habitants), évidemment si les zones nucléaires voyaient leur « rayon » augmenter considérablement, le voyage aérien en VFR serait non pas compromis mais rendu impossible dans certains secteurs comme le couloir rhodanien.
Mais avec l’essor important des drones ces derniers temps et la méconnaissance encore plus avérée d’une grande majorité des utilisateurs ludiques, pas toujours avertis au moment de leur achat des notions telles que « espace aérien » ou « zone P », le sujet a toutes les chances d’arriver en Une des gazettes à l’avenir. EDF vient ainsi de déposer plainte après le survol par des drones de 7 de ses centrale nucléaires, uniquement pour ce mois d’octobre. Et ce, dans différents départements : Nord (Gravelines), Gironde (Blayais), Ain (Bugey), Ardennes (Chooz), Aube (Nogent-sur-Seine), Moselle (Cattenom). Ces survols ont été effectués généralement de nuit ou tôt le matin… Des survols de plusieurs centrales, éloignées les unes des autres, ont eu lieu le même jour. Ce pourrait être le premier chapitre d’un polar ou les premières images d’un thriller…
Greenpeace a nié toute implication dans ces survols, précisant que le site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA à Saclay, près de Toussus-le-Noble) avait été également survolé ! Evidemment, comme après les multiples pénétrations effectuées au sol ces dernières années par des membres de Greenpeace, EDF s’est aussitôt fendu d’un communiqué destiné à rassurer la population, indiquant que ces survols étaient « sans conséquence sur la sûreté ni le fonctionnement des installations » ! Le refrain fait sourire à chaque fois. Les nucléocrates ne comprennent toujours pas que leur communication est éculée, ayant déjà perdu toute crédibilité depuis l’arrêt à nos frontières du nuage radioactif en provenance de la centrale de Tchernobyl.
Les pilotes souriront moins en notant que la réponse administrative sera évidemment un « renforcement de la protection des centrales nucléaires ». Deux Mirage 2000 pour les interceptions au lieu d’un seul ? En supposant que le radar parvienne à repérer le drone… ♦♦♦