Un exemple de plus prouvant que tout n’est pas fait pour éviter aux pilotes de se trouver en infraction…
Les 17 et 18 décembre se tiendra à Genève le Forum mondial sur les réfugiés, organisé par le Haut-Commissariat des Nations Unies. Le 6 décembre dernier, le Conseil fédéral a approuvé la mise en place d’une restriction temporaire de l’espace aérien concernant l’aviation générale (avions et hélicoptères). Ceci est classique pour une réunion de niveau international à laquelle vont participer plusieurs chefs d’Etat…
Le secteur concerné par cette restriction – active du 17 décembre à 8h00 jusqu’au 18 décembre à 20h00 – est une zone (sol/FL095) centrée sur la place des Nations, à Genève. Le cercle a un rayon de 25 nautiques précise le Notam sur Skybriefing (SIA suisse), qui impose le transpondeur affiché sur 7000 tout en précisant que pour la zone au-dessus du territoire français, il faut se reférer à un Notam français. Le Notam suisse indique pour les mêmes jours et aux mêmes horaires une Zone temporaire d’interdiction (sol/FL095) ayant un rayon de 10 nautiques toujours centré sur le Palais des Nations. De plus, les vols VFR sont interdits à Genève-Cointrin.
Comme la zone impactée semble grande (50 nm de diamètre) et que le service d’information aéronautique suisse évoque un Notam français, partons à sa recherche ! En cherchant au 17 ou 18 décembre les Notams concernant Annemasse, Bellegarde, Oyonnax et Annecy, on tombe effectivement sur un Notam indiquant la création d’une zone à utilisation obligatoire du transpondeur (TMZ) avec un rayon de 25 nautiques centré sur un point localisé en coordonnées longitude-latitude… A l’époque des tablettes et des cartographies numériques, en être encore à demander aux pilotes de tracer un cercle de 25 nautiques à partir de coordonnées géographiques relève d’un mode encore bien préhistorique de la diffusion de l’information aéronautique. A croire que le SIA en est resté au triangle des vitesses pour préparer une navigation comme il y a 60 ans…
Un SUP-AIP aurait en effet été bien vu, pour sensibiliser à l’avance les pilotes pouvant évoluer dans le secteur, qui plus est avec extrait de carte définissant clairement la zone impactée par cet usage obligatoire du transpondeur. Mais voilà, point de SUP-AIP sur le site du SIA à deux jours de l’événement. Des pilotes effectuant une navigation débutant et finissant hors de la zone impactée mais dont la route passe par cette zone auront-ils la chance de bien consulter tous les Notams figurant dans la FIR de Marseille ? En fait, il n’y pas de Notam général pour cette TMZ temporaire et il leur faudrait donc lire les Notams des aérodromes concernés (Annemasse, Annecy, Bellegarde…) pour en prendre connaissance alors qu’ils n’ont pas prévu ces aérodromes comme destination, tout au plus comme terrain de dégagement mais sans obligation de leur part.
En consultant le forum des pilotes privés, on découvre que les comités régionaux de la FFA et de la FFPLUM ont été informés à l’avance de cette restriction, répercutant l’information auprès de leurs licenciés… régionaux, qui plus est avec une carte bien explicite qui aurait pu assurément illustrer un SUP-AIP (image en ouverture de cet article). Mais pour les pilotes venant d’autres régions, point d’information sur la page Actualités de la FFA (où l’on apprend que le personnel fédéral est bien présent malgré la grève des transports !) ou de la FFPLUM, mais on ne peut leur reprocher car ce n’est pas aux fédérations de diffuser l’information aéronautique mais au SIA.
Rappelons qu’il y a quelques pilotes en France, propriétaires ou non, qui volent en dehors de ces deux fédérations et qu’ils ont tout autant droit à une information aéronautique fiable. Pour cette TMZ temporaire autour de Genève, ce n’est point le cas et l’on note une fois de plus une grave lacune dans la diffusion de l’information aéronautique. Si un pilote se fait prendre par ce piège, est-il vraiment fautif ? Certains oseront dire que l’information était disponible mais a-t-on réellement tout fait pour que cette information soit bien diffusée au niveau national et non pas régional et limité aux licenciés de certaines fédérations ?
Ah au fait, en bas du Notam français, figure un contact avec l’adresse CDAOA-BAO-CNOA-RENS.CHEF.FCT@INTRADEF.GOUV.FR La rédaction d’aeroVFR a envoyé un mail le jeudi 12 décembre à midi pour obtenir d’autres informations et notamment si possible une carte de la zone impactée (avant d’avoir pu consulter l’extrait sur le Forum des pilotes privés). En retour, un mail anonyme nous a demandé un numéro de téléphone pour pouvoir nous joindre, ce qui fut répondu à 15h00 le même jour. Depuis, aucune nouvelle. Il y a bien sûr des numéros de téléphone indiqués en fin de Notam mais s’il faut dépenser autant de temps et d’énergie pour préparer une navigation dans la région, autant faire désormais la promotion des transports en voiture ou en train…
Avec un tel système désuet de diffusion de l’information aéronautique au 21e siècle, avec un labyrinthe parfois pour trouver la bonne information, on comprend que même des pilotes de ligne en viennent à lancer une pétition relative aux Notams pour que les différentes Autorités finissent d’ouvrir en grand leur parapluie (la sur-information tue l’information…) mais rendent plutôt le service auquel s’attendent les usagers de la troisième dimension… surtout quand les mêmes nous parlent au même moment de Sécurité (avec majuscule SVP) des vols.
Ainsi, en décembre 2019, on ne trouve pas de SUP-AIP pour une zone de 50 nautiques de diamètre et allant du sol au FL095 mais sur le site du SIA, on trouve par contre pleins de SUP-AIP avec des ZRT parfois de quelques centaines de mètres de longueur allant du sol à 500 ft/AGL, zone non praticable par les vols VFR, quand la ZRT n’est pas de plus parfois noyée dans l’urbanisation ! ♦♦♦