Les coulisses de quarante années de conception d’avions légers.
En 2017, aeroVFR avait déjà évoqué la sortie d’un fascicule intitulé « Voler ou ne pas voler, telle est la question ». Jean-Marie Klinka retraçait au fil des pages, via un entretien mené par Jean-Christian Bouhours, la première partie de sa carrière d’ingénieur (1972-1992), notamment au service des Avions Mudry. Ce premier tome, édité par Mémoire de l’aviation civile (DGAC), avait été diffusé à l’occasion de la fin de la restauration d’un Cap-232 à l’Espace Air Passion d’Angers-Marcé et pour rendre hommage à Auguste Mudry, qui aurait eu 100 ans en 2017 – personnage respecté par l’ingénieur depuis son arrivée dans la société mais dont le passé plus « sombre » durant l’Occupation n’est pas pour autant occulté.
Alors annoncé, le deuxième tome devait poursuivre l’histoire avec une sélection de photos, pour rendre moins austère la lecture du premier tome. La maladie touchant Jean-Marie Klinka en a voulu autrement mais à l’occasion du dernier salon du Bourget, ce n’est pas un deuxième tome qui a été diffusé, mais une refonte du précédent fascicule, étendant la période traitée de 1972 à 2012, voire jusqu’à nos jours.
Ainsi, ce document, au format agrandi, a été enrichi au niveau des textes mais aussi de l’iconographie. On y découvre ainsi la carrière d’un ingénieur, embauché à la sortie de l’école d’ingénieur par Auguste Mudry, et donc le premier « chantier » sera la transformation du Cap-20/200 en Cap-20/260 à la demande de l’armée de l’Air. Puis ce sera la série des monoplaces Cap-20, Cap-20L et Cap-21 en cherchant à améliorer les performances et les caractéristiques en voltige des modèles successifs pour viser les podiums au niveau international.
Le Cap-230 (300 ch) sera conçu par Michel Dozières tandis que Jean-Marie Klinka est parti sur d’autres projets, qui le méneront à l’enseignement ou à la direction d’un bureau d’études privé travaillant pour le compte des Avions Robin (lames de train de l’ATL), Avions Fournier (dossier de calcul et certification du RF-47), Centrair (winglets pour le Pégase), Socata (les sièges du TBM-700) et d’autres.
Puis ce sera son retour aux Avions Mudry avec la suite du Cap-230, avec les apex du 231, l’aile carbone des 231EX puis 232, avant la fermeture de la société suite à un incendie criminel encore non élucidé. La voltige et plus particulièrement la conception des avions de voltige occupe ainsi une bonne partie du contenu, avec des détails techniques et des anecdotes sur l’ambiance aux Avions Mudry, à Bernay, durant la grande période des années 1970 aux années 1990, quand on travaillait encore au crayon et à la calculette avant l’arrivée du logiciel de CAO Catia.
On y cotoie des personnages qui ont fait l’aviation légère française durant cette période, d’Auguste Mudry à René Fournier, en passant par des Louis Péna, Michel Dozières, Eric Müller, Jean Eyquem, Montaine Mallet, Daniel Héligoin, Christian Briand, Michel Mudry, Henri Fékété, Coco Bessière et l’équipe de France de voltige, et bien d’autres ! Après la conception et la certification côté constructeur, puis l’enseignement au profit d’élèves-ingénieurs, la carrière de Jean-Marie Klinka s’achèvera à la DGAC, au département Navigabilité de l’Aviation générale. La boucle est bouclée !
La seconde partie, entièrement nouvelle, aborde le développement des derniers Cap, dont le Cap-240 ou Cap-400, un monoplace tout carbone à train rentrant qui ne verra jamais le jour. C’est aussi d’autres conceptions signées JMK qui sont passées en revue, comme le biplace Oryx à train rentrant et diffusé en kit, le Fournier RF-47, ou la participation de l’ingénieur au cahier des charges de la nouvelle gamme d’avions de voltige Intégral dévoilée par Aura Aéro au Bourget 2019, sans oublier le « sauvetage » du Cap-10B par l’adjonction de semelles de carbone aux longerons de voilure pour lui redonner son plein domaine de vol sous la désignation Cap-10BK.
Sont présentés des projets restés sans suite comme celui de l’Avion remorqueur futur (ARF), un biplace en tandem, à la structure bois-carbone, bénéficiant d’un profil défini par l’Onéra et motorisé par 160 ch, appareil destiné à prendre la suite des Rallye.
Au final, c’est le témoignage riche d’un acteur de l’aviation légère durant quarante années qui est proposé au lecteur, en 160 pages denses, à destination des passionnés du domaine, qu’ils soient pilotes privés, voltigeurs ou non, ingénieurs ou élèves-ingénieurs. Lecture recommandée ! ♦♦♦
– Voler ou ne pas voler, telle est la question… Une vie d’ingénieur au service de l’aviation légère (1972-1992), par Jean-Marie Klinka. 2e édition (2019). Edité par Mémoire de l’Aviation (DGAC). Livre non diffusé dans le circuit commercial. Contact : patrimoine-memoire-ld@aviation-civile.gouv.fr