Mondial de vol circulaire en juillet prochain à Landres…
2018 verra un championnat du monde en France, celui du vol circulaire organisé par la Cercle modéliste du Bassin de Landres (CMBL), en Meurthe-et-Moselle – aux frontières de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne. Le vol circulaire est l’une des grandes disciplines de l’aéromodélisme avec le vol libre et le vol radio-commandé.
Le vol circulaire « a la particularité d’être la seule catégorie où le pilote est physiquement relié à son modèle par deux câbles d’acier d’une vingtaine de mètres de longueur. De la précision des mouvements de la main dépend la qualité du vol. Le pilote ressent le vol de son modèle, toutes vibrations de la tension des câbles alimentant l’analyse du pilote qui corrige bien souvent instinctivement un changement de comportement ou une réaction suspecte de son modèle ».
Le vol circulaire « moderne » serait né selon la légende, sur un porte-avions américain, faute d’espace et de possibilités de récupération, le vol captif s’imposait… Mais pour l’histoire, il faut retenir Victor Tatin, officier de marine qui fut « le premier à faire décoller un modèle réduit d’aéroplane à moteur à air comprimé entraînant deux hélices tractives. Ce modèle était alors attaché à un pylône, le rayon de giration était de 15 m. Il accomplit le premier vol stable en vol circulaire à Chalais-Meudon sur une piste en bois en 1879 » indique le site du club. Le modèle réduit avait une envergure de 1,90 m pour 1,8 kg. Il pouvait atteindre 30 km/h.
Victor Tatin, en collaboration avec le pilote Louis Paulhan, fut aussi le créateur en 1911 de l’Aéro-Torpille (photo ci-dessus). Il s’agit d’un étonnant monoplan, monoplace, très en avance sur son temps par sa ligne aérodynamique, son dièdre courbe et sa propulsion arrière… D’où le nom donné à l’espace de 3,5 hectares, entièrement dévolu au vol circulaire à Landres. Depuis 1994, le CMBL bénéficie ainsi avec l’espace Victor Tatin d’un des plus beaux terrains au monde et le meilleur en Europe pour le vol circulaire.
Ceci explique aussi que le site est régulièrement utilisé pour des championnats. On ne compte plus les championnats de France mais aussi du monde car l’édition de 2018 sera la quatrième, après celles de 1990 (à Blénod-Les Pont-à-Mousson), 2000 et 2008. Aussi, le club dispose des infrastructures, de l’expérience et du matériel pour un tel mondial, précise Matthieu Perret, président, organisateur et également compétiteur…
C’est en mars 2016, à l’assemblée plénière de la Commission internationale d’aéro-modélisme (CIAM) qu’il est allé défendre le dossier, voté dans la foulée… Comme tout championnat du monde depuis les années 1960, le mondial 2018, qui se tiendra du 13 au 21 juillet, comptera quatre catégories : F2A (vitesse), F2B (acrobatie), F2C (course par équipe) et F2D (combat).
– Vitesse : historiquement la première catégorie pratiquée en compétition, l’épreuve consiste à atteindre la vitesse maximale sur un kilomètre parcouru, départ lancé. Les modèles sont asymétriques avec une voiture extérieure très courte ou inexistante, pour une envergure inférieure au mètre. Chaque pilote dispose de quatre vols, son classement étant établi sur la meilleure performance. L’épreuve est physique avec un pilote pivotant sur lui-même une douzaine de fois en moins de 15 secondes, pouvant s’aider d’une fourche implantée au sommet d’un piquet pour ne pas être entraîné par son modèle mais aussi imposer un rayon constant sans effet de fronde. Les vitesses atteignent les 300 km/h. La qualité du vol est également jugée. La préparation du moteur demeure capitale avec un carburant composé à 80% de méthanol et 20% d’huile de ricin.
– Voltige : il s’agit d’effectuer un programme de figures imposées dans la demi-sphère d’évolution à la verticale de la piste. Comme en voltige « grandeur », chaque figure est notée par un collège de juges avec un coefficient selon la difficulté de chaque figure (boucle, renversement, vol dos, huit horizontal ou vertical, trèfles…).
– Team Racing : il s’agit de courses avec trois équipes s’opposant. Chacune est constituée d’un pilote et d’un mécanicien. Les modèles doivent réaliser le plus rapidement possible 100 tours de piste soit une distance de 10 km. Le réservoir étant limité en capacité, le modèle va se poser au moins deux fois, le temps de laisser au mécanicien d’avitailler – procédure qui ne dure que quelques secondes avant le redécollage. Chaque modèle est une semi-maquette avec pour lignes générales celles d’un avion réel. Le moteur doit avoir une cylindrée de 2,5 cm3. Il est alimenté par un mélange d’éther, de pétrole et d’un lubrifiant.
– Combat : les modèles, sous la forme d’ailes volantes, traînent une banderole que l’adversaire devra couper avec son hélice, d’où des évolutions très vives dans la demi-sphère d’évolution… L’épreuve dure quatre minutes.
Pour ce championnat du monde, organisé par le club comptant une cinquantaine de membres, le budget atteint les 200.000 €, avec un soutien des collectivités locales même si « la restructuration des régions » n’aide pas vraiment… Le club espère recevoir environ 350 compétiteurs venant de 42 pays, des chiffres proches de ceux enregistrés pour l’édition de 2008.
Pour l’association, le défi réside alors dans l’hébergement de 600 à 800 personnes durant 10 à 12 jours, le tout dans un secteur peu équipé en accueil hôtelier. Ainsi, « tous les hôtels et chambres d’hôtes sont réservés à 30 ou 40 km à la ronde » précise le président-organisateur. Le dortoir du lycée local peut également permettre de loger les nations les plus modestes. Mais au vu de l’expérience acquise, nul doute qu’en juillet prochain à Landres, tout… tournera bien rond ! ♦♦♦
Photo d’ouverture © Claudia Khenen / CMBL
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