De 1972 à 1992, vingt années de conception pour un ingénieur-pilote.
Jean-Marie Klinka a décidé de coucher sur le papier des souvenirs professionnels, structurés sous la forme de questions-réponses avec la participation de Jean-Christian Bouhours. Ce premier opuscule concerne les années 1972-1992. Fils d’un menuisier qui lui a donné le goût du bois, jeune ingénieur issu des Arts & Métiers et de l’ESTA, Jean-Marie Klinka, pilote avion et planeur débarque en 1972 au bureau d’études de la CAARP, la Coopérative des ateliers aéronautiques de la région parisienne.
Implantée à Beynes, dirigée par Auguste Mudry, instructeur à qui l’on doit la création de la Fédération française de vol à voile, la société a déjà à son actif la conception du Cap-10B issu du CP-100 de Claude Piel et du monoplace Cap-20, des machines dues aux ingénieurs Nénad Hrisafovic et Louis de Goncourt. Jean-Marie Klinka embauche en 1972 pour aussitôt repartir à Salon-de-Provence où se déroulent les championnats du monde de voltige, monopolisés par les Pitts S-1S américains. Il doit s’immerger dans ce monde de la voltige et imaginer le monoplace du futur.
A Beynes, puis à Bernay où se déplace la CAARP pour devenir Avions Mudry en utilisant les installations de l’ex-Société aéronautique normande (SAN), son premier travail consiste à passer le Cap-20 de 200 à 260 ch. L’unique Cap-20/260, baptisé « l’Arlésienne » car son développement prendra un « certain temps », ne sera pas disponible à temps pour concurrencer les Yak et Sukhoi soviétiques. Ce sera ensuite la conception du Cap-20L puis du Cap-21 pour permettre à l’équipe de France, sous la direction de Jean Eyquem, de recoller au peloton.
Jean-Marie Klinka part ensuite dans le monde de l’enseignement, devenant professeur dans différentes écoles d’ingénieurs avant de revenir à la conception des Cap. Entre-temps, Michel Dozière a conçu le Cap-230 avec l’arrivée d’un Lycoming de 300 ch. Il faudra alors le décliner en 231, 231EX puis 232 avec l’arrivée d’une aile mieux adaptée à la voltige « moderne » avec apex de bord d’attaque et profil V16FD, ce qui permettra aux Avions Mudry de grimper de nombreuses fois sur les plus hautes marches des podiums en championnat d’Europe ou du monde. C’est avec un 231 que Claude Bessière remporte le mondial à Yverdon en 1991.
Jean-Marie Klinka a rejoint alors Orléans pour y créer un bureau d’études indépendant, la SERMA. La société, utilisant l’innovant logiciel Catia, va y concevoir les sièges du TBM-700 mais aussi le biplace RF-47 pour le compte de René Fournier ou encore l’Oryx, un biplace diffusé en kit, entièrement en composites. La dernière partie de la carrière sera passée à la DGAC, en charge de la certification des avions légers tout en redonnant une seconde jeunesse au Cap-10B avec des longerons en bois-carbone le transformant en Cap-10BK.
Ces vingt années consacrées à la conception d’avions, principalement de voltige, sont ainsi évoquées avec la rencontre de différents personnages de l’aviation générale, de René Fournier à Pierre Robin, de Louis Péna à Michel Brandt, sans oublier Auguste Mudry qui aurait eu 100 ans en juillet dernier. Le deuxième tome, à paraître prochainement, sera consacré à la période allant jusqu’en 2012, avec de nombreuses photos de la période 1972-2012.
Le premier est accompagné d’un CD reprenant l’ex-magazine Cockpit (1991) avec un reportage tourné peu avant les championnats du monde prévus au Havre en 1992. En une vingtaine de minutes, on y retrouve les interviews d’un menuisier, d’un peintre en lettres, du directeur du bureau d’études et du patron des Avions Mudry, avec des images des entraînements de l’équipe de France de l’époque…
Le premier tome sera dévoilé le 29 septembre à 14h00 à Angers-Marcé. Le GPPA organise un évenement autour de la sortie d’atelier d’un Cap-232, le « CA » n°18 confié en 2010 par l’armée de l’Air à l’Espace Air Passion. Sorti des réserves et remonté en août dernier, le monoplace aux couleurs de l’EVAA est exposé dans le musée pour l’occasion. En plus de la présention de l’ouvrage de J.-M. Klinka, deux conférences sont au programme : « Du Cap-20 au Cap-232 » par Michel Mudry, fils d’Auguste et créateur d’une école d’ingénieurs à Orléans. « Restauration et muséographie du Cap-232 » par Christian Ravel et François Blondeau. ♦♦♦
Photo © EAP/GGPA
– « Voler ou ne pas voler, telle est la question », mémoires de Jean-Marie Klinka de 1972 à 1992. 96 p. Edition et diffusion Mémoire de l’Aviation civile (DGAC).