Enquête technique après la rupture d’une pale d’hélice sur une Flair 2 développée par Duc Hélices.
Sur un avion à pistons, la cause des nuisances sonores provient de deux sources, les échappements et l’hélice. Pour réaliser une diminution du niveau sonore en agissant sur ce dernier paramètre, l’Onera a lancé il y a plus de 10 ans une étude concernant une nouvelle hélice devant diminuer l’empreinte sonore sur des avions motorisés Lycoming O-360 (180 ch). La principale clientèle visée était constituée des clubs de vol à voile affiliés à la Fédération française de vol à voile (FFVV). Les appareils concernés étaient alors principalement les Rallye MS-892 et DR-400/180R équipés d’un Lycoming de 180 ch accouplé à une hélice métallique Sensenich.
Ce projet d’études, baptisé au départ Anibal (Atténuation du NIveau de Bruit des Aéronefs Légers), a donné naissance à une hélice 5-pales, développée par Duc Hélices (Villefranche-Tarare). Son premier vol interviendra à Aire-sur-l’Adour en octobre 2008. Elle sera ainsi évaluée sur DR-400/180 puis MCR-180, avec Daniel Serre, pilote d’essais pour le compte de la FFVV. Après plusieurs années de développement, cette hélice réalisée en fibres de carbone a été certifiée par l’EASA en juillet 2016 et commercialisée sous le nom de Flair 2.
Le lancement de cette hélice ne s’est pas fait sans problèmes. Sous sa première version (Flair 1), une telle hélice a perdu en juillet 2015 – donc avant sa certification — une pale alors qu’elle équipait un Jodel D-140C Mousquetaire appartenant à l’aéro-club de Megève. En attendant de trouver la cause de cette défaillance, l’hélicier recommandait alors aux autres utilisateurs de ce modèle d’hélice de « faire une vérification des pieds de pales » (en observant la liaison carbone/bague de pied de pale) « toutes les 10 heures de vol » et de retourner en usine l’hélice à 400 heures de fonctionnement pour contrôle. Ce dernier était pris en charge, frais de port compris, par l’équipementier.
Depuis sa certification, la Flair 2 a été diffusée à une quinzaine d’exemplaires. Si le niveau sonore au niveau du sonomètre s’avère moindre en nombre de décibels par rapport à la Sensenich précédente, il semble que le niveau sonore soit parfois moins agréable à l’oreille humaine. Mais le 16 mai dernier, un DR-400/180R équipé d’une Flair 2 a de nouveau perdu une pale lors de son décollage, sans planeur derrière lui, au départ de Vinon-sur-Verdon. Suite aux importantes vibrations suscitées (le bâti-moteur a été retrouvé criqué), le pilote a aussitôt coupé le moteur aux magnétos avant de se poser sur une piste secondaire, sans autres dégâts.
A l’inspection, il a été constaté la rupture du moyeu en aluminium, au niveau du pied de pale. Ainsi cisaillé, ce dernier a libéré la pale qui a sans doute endommagé une autre pale lors de son départ. La pale n’a pas été retrouvée.
Une enquête a été lancée par le Bureau Enquêtes et Analyses (BEA). Le lendemain, 17 mai, Duc Hélices a publié un Bulletin Service (BS) informant les propriétaires et utilisateurs du problème et imposant « l’interruption immédiate et temporaire de l’utilisation de cette hélice jusqu’à nouvel ordre », au sol comme en vol. Ceci immobilise des remorqueurs en pleine saison vélivole.
L’EASA a publié le 19 mai un Emergency Airworthiness Directive (AD) effectif au 23 mai. A cette date, les hélices doivent être déposées et aucune autre Flair 2 installée sur un aéronef, en attendant les résultats de l’enquête technique toujours en cours. L’équipementier précise que la cause du problème pourrait venir d’un défaut dans la matière première, d’un défaut d’usinage, d’un défaut de montage ou la sur sollicitation de l’hélice en surrégime. ♦♦♦
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