De retour de la convention annuelle de France Spectacle Aérien (FSA).
La troisième convention annuelle de France Spectacle Aérien (FSA) s’est tenue ce samedi à Ecully, près de Lyon. FSA compte plus de 135 membres dont plus de 50% de personnes morales, soit la réprésentation d’environ 600 acteurs du monde du meeting, qu’il s’agisse d’organisateurs, de directeurs de vol ou de pilotes de présentation, de France mais aussi de Grande-Bretagne, Suisse, Belgique ou République tchèque.
Les différentes présentations avaient pour toile de fond les menaces pesant sur les meetings depuis quelques mois, sans oublier « l’onde de choc » dû à l’accident d’un Hunter en Grande-Bretagne avec 11 tiers tués au sol lors du meeting de Shoreham.
Courant 2016, Jean-Noël Bouillaguet, président de FSA, a constaté ainsi une baisse sensible du nombre de manifestations aériennes avec notamment une dizaine de meetings annulés à la dernière minute, en fin de saison, suite à d’importants coûts engendrés subitement par des exigences de sûreté dues à décisions préfectorales auxquels les organisateurs n’ont pu répondre, avec un classique deux poids-deux mesures selon les régions et l’humeur du préfet local… Parfois, ce dernier n’a étonnement pas les mêmes exigences pour d’autres manifestations non aéronautiques se tenant dans la même région à une période très proche…
Pour la FSA, il y a une alarme à sonner, pour éviter de telles décisions de dernière minute et expliquer l’économie du milieu, qui permet entre autres de maintenir en état de vol une partie du patrimoine aéronautique national. Certes, il faut prendre en compte les menaces suite aux attentats, et notamment le nouveau niveau de Vigipirate + mais ces coûts additionnels peuvent avoir des effets dévastateurs.
Quant à l’évolution réglementaire en gestation depuis au moins deux ans, via les groupes de travail sur les manifestations aériennes (GTMA), Alain Vella (DGAC) a fait le point mais sans que l’on note d’avancées notables depuis l’an passé. Certes, la direction générale de la DGAC a donné – trois jours avant la convention ! – son feu vert pour poursuivre dans la voie réglementaire envisagée mais pour le reste, c’est toujours sur la planche à dessin.
Il faudra donc encore attendre pour que les pilotes de présentation puissent s’entraîner aux hauteurs pratiquées en meeting, sur certains aérodromes, alors qu’ils n’ont le droit de le faire actuellement que… le jour du meeting, du « negative training » si l’on regarde cela avec le filtre des facteurs humains. Surtout quand le spécialiste de la sécurité dans les meetings au niveau mondial, Des Barker, note qu’en matière d’accidentologie, le ratio entraînement/meeting atteint près de 80%. En d’autres termes, les accidents sont peu nombreux en entraînement (effectué par la force des choses en altitude) et interviennent surtout le jour du meeting (à basse hauteur).
Il faudra toujours attendre pour que les négociations aboutissent à des protocoles pour un meilleur partage des responsabilités et des interventions dans une tour entre le contrôle aérien et le directeur des vols, avec des spécificités que le premier ne connaît pas sans vouloir parfois quitter le micro tandis que le deuxième, pourtant responsable de la sécurité de la manifestation, n’y a parfois pas droit !
Quant aux évolutions, même si elles tardent à voir réellement le jour, elles concerneront :
– les pilotes de présentation : si une grille de critères reste d’actualité, la DGAC ne parle plus de « Display Authorisation » (DA) mais plutôt d’habilitation… Il reste encore à définir un panel d’experts et un coordonateur national. On en reparle l’an prochain !
– les directeurs de vol (DV) : il y aura ceux des manifestations de petite importance (DVPI), de moyenne (DVMI) et de grande importances (DVGI), avec un stage de maintien des compétences tous les trois ans, sur le modèle de celui organisé en avril dernier par Jacques Aboulin à Saint-Yan. Si les droits du grand-père seront reconnus pour les DV actuels, les suivants devront progressivement se faire une expérience pour monter en taille de manifestation.
Ce processus que l’on pensait voir se mettre en place en 2017 ne sera finalement opérationnel qu’en 2018… au plus tôt ! Suite à une certaine résistance interne à l’administration semble-t-il, non habituée à réglementer une activité où il n’est question que de dérogations par rapport à la réglementation « standard » du vol à plat…
A écouter Jörg Thurnheer, de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC, Suisse), on est loin en France du pragmatisme helvétique où, s’il y a également désormais des évaluations des risques à rédiger noir sur blanc, c’est avant tout pour attirer l’attention des pilotes sur les risques et les moyens à mettre en oeuvre pour limiter ces derniers, et non pas pour augmenter la taille du dossier administratif…
Le représentant de l’OFAC se dit prêt à accepter de nouveaux types de présentation si ces derniers sont bien présentés, argumentés et bénéficient d’une analyse du risque car le meeting demeure un excellent vecteur du monde aéronautique vers le grand public, n’hésitant pas à rappeler que sur un meeting, côté environnement, 6% des pollutions le sont par les avions et 84% par les… moyens automobiles utilisés pour venir à l’aérodrome, d’où l’intérêt pour les organisateurs d’offrir des réductions aux conducteurs faisant du covoiturage pour remplir à 100% les véhicules.
A écouter deux représentants de la Brigade de la Gendarmerie des Transports aériens (BGTA) venus de Lyon pour tenter d’expliquer leurs missions lors d’une manifestation aérienne, il y aura encore quelques années d’attente avant de constater une possible évolution des mentalités ! Surtout quand des Rex venant de différentes régions montrent des procédés irresponsables encore en vigueur, comme celui d’imposer un contrôle des papiers à un pilote qui s’apprête à faire sa démonstration quelques minutes plus tard avec menace d’interdire le vol si ce n’est pas fait… A croire qu’à la GTA, le concept de « facteur humain » n’existe toujours pas !
Bref, 2017 pourrait constituer une année charnière pour le monde des meetings aériens, dans un contexte de transition réglementaire. La présence de plus de 150 personnes à la convention de la FSA atteste des craintes. Et une période d’élections répétées en 2017, gage habituel d’un attentisme forcené de la part du milieu politique, au niveau national et régional, n’est pas là pour simplifier cette situation… ♦♦♦
Photo © F. Besse / aeroVFR.com