Etude en soufflerie d’une maquette de 1934 du Caudron C-530 Rafale…
Depuis quelques années, deux « groupes » de passionnés se sont impliqués dans l’étude des avions Caudron, avec des approches quelque peu différentes. D’un côté, il y a l’association pour la Renaissance du Caudron Simoun. Animée par MM. Lanter et Mignard, cette équipe remet en état de vol depuis quelques années à Pontoise un unique Caudron C-635 Simoun, décoré aux couleurs d’un des avions (F-ANRY) d’Antoine de Saint-Exupéry.
Ayant également un Caudron Luciole en cours de restauration, l’association implantée à Pontoise compte aussi (re)construire à l’avenir un Caudron Rafale, pour présenter en meeting par la suite une « brochette » d’avions signés Caudron et ainsi faire vivre en meeting un patrimoine historique évoquant les avions des années 1930.
L’autre « groupe » est constitué de la famille Béringer (celle des roues et des freins…). Son projet vise à réaliser une réplique moderne reprenant la silhouette du Caudron Rafale pour un usage de « grand tourisme aérien » tout en recherchant des qualités de vol permettant un pilotage sûr et aisé pour des pilotes d’aujourd’hui.
Après plusieurs réunions de travail organisées à la DGAC ces dernières années, autour de Jean-Marie Klinka, l’idée est venue de regrouper les énergies et de mutualiser les coûts engagés pour apprendre à mieux connaître l’aérodynamique des Caudron, notamment dans les basses vitesses car, surtout pour les « coursiers des années 1930 », on faisait alors primer les performances avant tout, au détriment du comportement dans la partie basse du domaine de vol, d’où des décrochages secs ou la perte de contrôle en roulis, à cause de voilures peu ou pas vrillées et des formes en plan trapézoïdales.
C’est là qu’est entré en scène Alain Bugeau. L’ex-aérodynamicien de Dassault Aviation (Falcon 7X entre autres…) est bien connu dans le milieu de l’aviation légère pour ses multiples études aérodynamiques, portant souvent sur des projets très particuliers (du Dewoitine D-551 de Replic’Air au Mosquito 0.75). D’où l’idée de réaliser des études en soufflerie en l’absence de documents datant de l’époque. La chance a voulu que Laurent Détroyat, petit-fils du célèbre pilote de voltige Michel Détroyat, dispose d’une maquette de soufflerie du C-530 Rafale, sans doute soufflée vers 1934 à la soufflerie Eiffel. Il a bien voulu la confier pour participer à cette étude technique mais aussi historique.
80 ans plus tard, cette maquette – restaurée pour répondre aux mesures recherchées en soufflerie – a donc été à nouveau soufflée dans la veine de l’installation Eiffel à Paris. Entre-temps, Alain Bugeau a réussi à identifier – en lisant un rapport d’étude aérodynamique… russe – la provenance du fameux « profil B » utilisé par bon nombre de purs-sangs signés Marcel Riffard, l’aérodynamicien des Avions Caudron notamment célèbre pour ses racers types Coupe Deutsch de la Meurthe…
La maquette en bois a ainsi été utilisée pour une campagne visant notamment à déterminer les polaires de l’appareil, avec et sans train d’atterrissage, à l’évaluer l’efficacité des volets d’intrados à différents braquages sans oublier l’étude qualitative des basses vitesses grâce à la méthode des brins de laine – ce dernier point a confirmé que l’avion peut « mordre » à faible badin, surtout volets sortis, avec une perte d’efficacité des ailerons.
Ces essais en soufflerie, avec analyse aérodynamique d’un « coursier des années 1930 », ont donné lieu à un rapport dont le déroulé des mesures et les conclusions constitueront l’une des nombreuses présentations lors du prochain colloque aéronautique de Cachan (10 et 11 juin prochains), organisé par Interaction, Aérodyne et l’IUT de Cachan. ♦♦♦
Inscription au colloque via http://inter.action.free.fr et contact : matthieu.barreau @ u-psud.fr
Photos historiques via le net. Documents soufflerie © Alain Bugeau