Tout passionné d’histoire aéronautique connait le nom de Dieudonné Costes, en tant que pilote du Breguet « Point d’Interrogation » lors de la première traversée aérienne entre Paris et New-York, avec le navigateur Maurice Bellonte. C’était en septembre 1930, trois ans après la traversée entre New-York et Paris-Le Bourget par Charles Lindbergh, aux commandes de son Ryan NXP « Spirit of Saint-Louis »… tout en notant que le première traversée de l’Atlantique Nord, entre Terre-Neuve et l’Irlande – Alcock et Brown en Vickers Vimy, dès 1919 – demeure oubliée généralement…
Mais on connait beaucoup moins la carrière de Dieudonné Costes avant et après sa célèbre traversée. C’est là tout l’intérêt du hors série de la revue « Avions » (HS n°38) consacré à ce pilote. Et l’on découvre ainsi, dans le premier chapitre intitulé « Le guerrier des Balkans », un passionné d’aviation indiscipliné, breveté dans le civil avant de rejoindre l’armée où il transforme parfois ses missions aériennes en chasse au canard en survolant à basse hauteur des lacs ou des étangs.
Mais la Grande Guerre est déclarée et le voilà envoyé sur le front oriental, à Salonique. Perfectionniste, engagé à défendre son pays, inventif en installant une arme pointant vers le haut dans l’un de ses avions, très combatif, Dieudonné Costes va devenir un as aux 6 victoires homologuées et à 6 victoires probables. L’as des as sur ce théâtre d’opérations. La suite… Après la démobilisation et quelques années d’errance, il devient « pilote de ligne » et pilote d’essais pour Breguet, volant déjà avec Maurice Bellonte notamment sur Farman Goliath. Le pilote indiscipliné devient alors méthodique et rigoureux. Il acquiert une expérience de pilote de « raid » sur longues distances, en faisant le spécialiste reconnu.
D’où le long chapitre intitulé « Le conquérant de l’Atlantique » (plus de 50 pages) le menant du cockpit d’un Breguet XIV des lignes Latécoère à la « ticket Tape Parade » à New-York après les 37 heures de vol depuis Paris en place avant du Breguet. Cette traversée de septembre 1930 a été précédée d’une première tentative via les Açores, avortée en cours de route à 2.450 km du point de départ, les paramètres relevés en vol montrant que la consommation est trop élevée et le vent plus fort que prévu.
Le troisième chapitre – « L’agent double au service des Alliés » – est assurément la facette la moins connue du personnage, arrêté en 1949 pour être jugé pour intelligence avec l’ennemi sur la foi des renseignements d’un agent des services de renseignement allemands. Le pilote sera acquitté, après avoir travaillé au service du FBI américain en renseignant l’Abwehr en tant qu’agent double.
Avec l’aide des archives personnelles du pilote, dont ses carnets de vol et grâce à une abondante iconographie (245 photos dont de nombreuses inédites, des profils, des cartes), les auteurs David Méchin et Benoît Henriet, aidés de Christophe Cony, signent là un document dressant la carrière complète de Dieudonné Costes, un sujet totalement inédit à ce jour. Il leur aura fallu 8 années pour recueillir les informations et reconstituer le puzzle… ♦♦♦
« Dieudonné Costes, as de guerre et vainqueur de l’Atlantique », par D. Méchin, Benoît Henriet et Christophe Cony, HS n°38 Avions, Lela Presse, 108 pp. 15,00 €. www.avions-bateaux.com