En consultant la base de données du Bureau Enquêtes et Analyse de l’aviation civile (BEA), plusieurs rapports évoquent le roulage et/ou le décollage d’un monomoteur avec la barre de traction encore en place… On peut ainsi citer les cas suivants :
– un MS-880B Rallye, dont la visite prévol a été effectuée par l’élève dans le hangar, est sorti sur le parking à l’aide de la barre de traction. Elève et instructeur s’installent ensuite à bord, mise en route et roulage jusqu’au point d’attente d’une piste en herbe. Décollage sans problème mais, au premier touché, l’instructeur perçoit un bruit métallique et un choc.
Il interrompt le décollage prévu par l’élève pour découvrir, une fois le moteur arrêté, qu’une pale de l’hélice est courbée sur 10 cm suite au choc avec la barre de traction sectionnée à sa base. Cette dernière est retrouvée sur la piste, le système d’accrochage étant toujours en place sur l’avion. L’instructeur a fait confiance à son élève lors de la visite prévol et n’a pas surveillé ce dernier dans la gestion de la barre de traction.
– un Robin DR-400/140 décolle sur piste en dur avec la barre de traction toujours en place. L’appareil a été sorti auparavant du hangar par le pilote puis la visite prévol a été entâmée mais suspendue par l’arrivée de ses passagers. Le pilote est ensuite monté à bord pour installer ces derniers sans poursuivre la visite prévol. Hélice endommagée…
De tels incidents, qui peuvent occasionner de coûteux dommages (hélice, barre, train avant, voire bâti-moteur, vilebrequin, etc.), pourraient disparaître avec une procédure simple à mettre en place, consistant à toujours enlever la barre de traction dès que cette dernière n’a plus à être utilisée.
L’avion est sorti du hangar, poussé ou tiré jusqu’à l’emplacement de son prochain démarrage. Hop, on retire la barre ! On emmène l’appareil à la main jusqu’à la pompe… Hop, on retire la barre aussitôt sur place avant même de débuter l’avitaillement, même si on a déjà prévu de ramener l’avion à la main au hangar. En effet, vous pouvez quelques instants plus tard être interrompu par une tâche imprévue (une urgence à gérer, un appel téléphonique à prendre, un passager qui attire votre attention, etc.), et cette perturbation dans les actions envisagées au départ peut entraîner ensuite un oubli, supprimer un contrôle, écourter involontairement une visite prévol.
Ce réflexe de toujours retirer la barre de traction dès son utilisation rendue non nécessaire devrait être inculqué à tout nouveau membre d’un club, élève ou breveté, pour que cette cause d’incident disparaisse des rapports du BEA.
Une peinture voyante de la barre de traction peut servir de « filet » supplémentaire, étant ainsi plus susceptible d’attirer l’attention en cas d’oubli. Mais on est déjà dans les derniers « filtres » de sécurité, vous savez les fameuses plaques de Monsieur Reason dont tous les trous peuvent parfois parfaitement s’aligner pour qu’une petite erreur au départ se transforme en gros dommage à la fin…
Dans certains clubs, la barre, une fois retirée, doit être accrochée à un support sur la porte du hangar ou d’un bâtiment proche du parking pour être ainsi visible de chaque équipage. Il faut alors que chaque barre soit bien placée au… bon emplacement dans le cas d’une flotte de plusieurs appareils, avec une identification du point d’accrochage par l’immatriculation de l’avion, la barre étant également elle-même identifiée par les deux dernières lettres de l’immatriculation. Dans un tel système, des « menaces » latentes peuvent encore susbister si la peinture s’écaille sur la barre ou le point d’accrochage, si deux avions ont une immatriculation très proche, etc.
Une meilleure solution consiste à embarquer la barre de traction à bord ! En effet, en cas de déroutement lors du prochain vol ou pour faciliter un passage direct à la pompe au retour, il est préférable d’avoir la barre rapidement sous la main. Cette procédure permet de plus, avant de démarrer, de vérifier visuellement que la barre est bien à bord, donc non présente sur le train avant. Un item de la check-list peut alors le mentionner. Une simple ligne qui peut rapporter gros ! ♦♦♦